samedi 19 novembre 2016

jour 32 des rencontres


Ce matin, les 3 henros ont eu du mal. Mais alors, beaucoup de mal à se lever. La pluie est arrivée au milieu de la nuit, sans nous déranger plus que ça. Mais là, il est 6 heures, mon réveil vient de sonner et l’on se croirait dans une machine à laver. Le préfabriqué est en proie aux assauts combinés la pluie et du vent, un vrai déluge.
J’ai eu droit à un “haaannnn” de mes compagnons marcheurs, internationalement connu comme cri de ralliement de ceux qui veulent se lever plus tard. Et j’ai rejoint le mouvement sans une once de gène. À 7 heures, tout de même, j’étais prêt. L’averse est encore là, mais elle est affrontable. Et puis, quand j’ai senti le courage m’abandonner, le papi henro m’a offert un nouveau café. Capuccino au réveil, voilà une chose qui manque. Merci papi japonais !

La journée s’annonce des plus belles. Non pas que le temps soit au rendez vous, la pluie est annoncée pour toute la journée. Mais je sens que je vais m’éclater. Je pars du bon pied, d’autant plus heureux que je croise une dame qui nourrit les minets du quartier. À entendre cette symphonie, ou cacophonie de miaulement, deux pensées. L’homme est capable du meilleur, et on l’oublie trop souvent. Nourrir ces bêtes sous la pluie et ne rien attendre en retour, c’est beau. 2 la maison. Mon vieux chat sourd qui hurle, les autres qui craignent qu’ils aient moins que lui si ils ne crient pas aussi fort. Une douce pensée qui a chassé les nuages, dans mon esprit tout du moins.

Le balisage est très bon, ce qui permet de laisser trainer le regard à droite à gauche sans se perdre. Les scènes de la vie quotidienne japonaise, les enfants qui n’ont pas cours et qui jouent, les travaux des champs, les golfeurs qui perfectionnent leur swing même sous une pluie battante. Premier temple de la journée, tout seul. Un beau petit temple, simple.

Deuxième temple, je croise mon ami henro manga taïwanais. Je n’espérais pas le revoir, mais ça me fait d’autant plus plaisir. Il est vraiment agréable comme garçon. Il m’a d’ailleurs sauvé d’une situation difficile. Je m’explique. Je vais au bureau des calligraphies, la dame qui prend mon livre fait tomber un petit dessin, qu’ils donnent en plus, comme souvenir, et que j’avais rangé dans mon livre. Je tente de lui dire. De lui mimer. De lui montrer. Non, impossible. Il a finalement réglé le problème en deux secondes, et sous les éclats de rire de tout le monde. Je devais avoir l’air fin, à mimer un papier qui tombe d’un livre pendant 5 minutes.

Au temple 51, le temple de la ville de Matsuyama, j’ai retrouvé Kondo. Comme quoi, on se trouve souvent. Le temple est une vraie jungle, des sentiers dans tous les sens, des pierres rondes, des carrées, des petits temples des grands. De quoi y perdre son henro. On a mangé des udons ensemble, puis il a continué son chemin. Pour moi, c’était tourist time.

Je pose le sac dans l’auberge de jeunesse, et j’attaque le chemin pour aller au château. Je me suis dit, tu es maitre es tourisme, tu peux aller faire un tour au centre d’information en anglais ! J’entre, je réveille deux personnes, qui me donnent … une carte. Ce que j’avais déjà grâce à la bible du henro. Je leur demande ensuite si je peux changer mes euros en yen, et là boom, branle bas de combat, coup de téléphone à droite à gauche, je me demande pourquoi et je regarde ma montre. Samedi. Chaque grande ville que je traverse, c’est le week end. Et donc banques fermées. Il se pourrait bien qu’au final ces euros reviennent en France.

Je me surprend avec un nouveau regard sur les villes. Alors que je dis bonjour à tout le monde d’ordinaire, je me rend à nouveau compte de l’anonymat des villes. On ne parle pas à l’autre, on ne croise que rarement son regard. Je n’ai plus le chapeau, ni le bâton, ni le tee shirt. Je suis un touriste ordinaire. Sensation étrange mais pas désagréable.

Le château vaut le coup d’oeil. Des armures, des sabres, des lances, des services à thé de 500 ans, et des informations en anglais ! Pour une fois que je peux apprendre quelque chose, je me gène pas. Il semblerait que toutes les histoires du Japon ont un point commun, à un moment, il y a la bataille de Sekigahara. Et d’un côté, ceux pour qui c’est terminé, de l’autre, ceux pour qui l'histoire commence. Et on entend parler que des vainqueurs bien sur, puisque l’histoire est faite ainsi. En sortant, surprise, je tombe sur le couple de français. On échange sur nos deux jours passés loin l’un des autres, leur étourderie pour avoir réservé à l’opposé de la ville, à une dizaine de kilomètre du chemin henro, les intentions des prochaines jours. Un sujet nous à longtemps occupé, l’état des pieds des japonais. On a mal pour eux. La plupart ont des pieds en sang, ouverts de tous les côtés par les frottements de chaussures mal adaptées. Je vous jure, je prendrais pas de photos mais le pire que vous imaginez ce doit être ça. Pas un orteil en forme.
Je laisse mes amis explorer le château, quand je me fais accoster par un papi. J’ai l’habitude maintenant, et je sais que je vais être pris en photo dans pas longtemps (je ne compte plus les photos de moi sur les facebook japonais, un carton national). A ma grande surprise, celui ci parle anglais, très bien même, et il me sert de guide pour le reste de l’après midi. Oui je sais, je suis chanceux. Presque trop chanceux mais que voulez vous, Kukai veille sur moi de la meilleure des façons. Ainsi, il m’a acheté un jus de fruit, et on a marché dans la ville. Il m’a expliqué les centrales nucléaires fermées suite à Fukushima, les réparations suite aux tremblements de terre sur divers bâtiment, il m’a montré une horloge mécanique qui fait un petit spectacle toutes les heures (avec une foule bien trop nombreuse pour le spectacle à mon goût mais les nippons adorent les automates qui font du bruit et de la lumière). Il m’a montré un onsen moins peuplé que le fameux dogo onsen, que Miyasaki à montré dans ses films d’animation. Je prendrais donc mon bain dans le premier, et des photos du deuxième.

L’après midi touche à sa fin, j’ai quitté mon guide de 69 ans, mi banquier mi instituteur dans la vie (pas encore la retraite donc) et je suis rentré dans l’auberge. Je vais profiter de l’ambiance internationale du salon pour me changer les idées de mes relations spirituelles avec l’homme, et on prépare un bon jour de marche demain. On dépasse les 30 km. GAMBATE !

1 commentaire:

  1. De Josée Robert
    Salut à toi grand marcheur !
    Les conditions climatiques que tu rencontres sembleraient indiquer que tu as choisi la mauvaise saison . . . ou alors . . . les pensées des isérois qui t'accompagnent par l' esprit se transforment à ton contact en ondées dauphinoises ! Heureusement que tu en as vu d' autres et que l'adversité est pour toi un tremplin; tu y puises la force d' avancer tout en nous faisant le récit de tes aventures, récit ma foi amusant et très agréable à lire , avec en prime de très belles photos.
    J' émets un vœu :puisses-tu continuer à nous faire rêver !
    Amitiés et bonne route.

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