mercredi 23 décembre 2020

"Ne fais rien d'inutile", Takezo Shinmen, dit Miyamoto Musashi.

Hashikuraji 








 

Je me rend au temple supplémentaire 15, Hashikuraji, jugé difficile. Des travaux m'empêchent de prendre les routes calmes, alors je marche le long d'une route nationale pour changer. Et j'arrive au choix, qui n'est pas un choix pour moi, le sentier ou le téléphérique. Ce temple est un parfait exemple de pourquoi prendre une alternative rapide est une erreur. Le sentiers monte calmement, ne coûte pas 20 euros, offre des couleurs folles, et prépare le corps pour le temple en lui même qui est sévère. Les marches sont raides, nombreuses, trop nombreuses sûrement. Mais il fait certainement partie des plus beaux. Pas trop le temps de lambiner non plus. J'ai un rêve à aller chercher.

Toujours ce sentiment d'être dans un film et de rentrer dans un temple millénaire abandonné.


















Ayant terminé plusieurs fois le pèlerinage, je peux me permettre des digressions. En l’occurrence, je saisi une opportunité au vol, et comme souvent, je ne le regretterai pas. Sur le groupe facebook des henros, un des groupes devrais je dire, il y eu un post qui a attiré mon attention. Une nonne de Kyoto, experte de la cuisine de temple, Shoojin Ryoori, 精進料理, qui pourrait se traduire par cuisine spirituelle. Importée de Chine et régie par des principes millénaires, son but ultime est d'aider la méditation, et donc de permettre à atteindre le Nirvana. Par exemple, on n'utilise pas de viande ou de poisson, car l'esprit des créatures mortes pourraient interférer dans nos pensées. Pas d'exhausteurs de gout, et pourtant on doit retrouver les 5 saveurs, salé sucré acide amer et umami. On doit donc les retrouver naturellement dans les ingrédients proposés. On doit aussi retrouver 5 couleurs. Et adapter aux saisons. Cette cuisinière est dans une sorte de pèlerinage a elle, elle a quitté les villes pour offrir ses services à des temples associés à Kukai. Elle a aussi étudié en Chine et en Inde pour apporter une expérience inédite aux clients. Et sans savoir cela que je lui ai envoyé quelques informations par internet, à savoir deux héros (miyamoto musashi et goku) films (fight club et le seigneur des anneaux) et autres musiques, hobby... 

Des 12 généraux du Zodiak chinois, ce temple abrite celui duuuu, duuuuu ? LAPIN !!!!


 

J'ai donc pris un train, pour rejoindre le temple où elle officiait, le temple supplémentaire 18. Je l'avais laissé en suspend car je suis passé devant trop tôt, mais je réussit toujours à retomber sur mes pattes !

 Je suis en avance, alors je fais mes prières, tamponne mon livre, et j'attends proche des gardiens du temple assez uniques puisqu'il s'agit ici de sumotori, et non pas de créatures fantastiques. Une petite japonaise m'appelle au loin. La cheffe. Elle me présente le photographe officiel qui fera un shooting de la séance. On me montre ma chambre, puis on me dit de patienter le temps qu'elle prépare l'expérience. Et ça commence. 




 

Depuis la route, on pourrait croire que ce temple est tout petit. Un gros bâtiment rectangulaire domine la vue, il est relativement neuf, et le temple principal est collé à cet immeuble. Le daishido est plus loin, sur une colline. Cet éloignement témoigne de la gloire passée de ce temple qui devait s'étendre sur plusieurs centaines de mètres, avec probablement 30 ou 50 bâtiments différents. Aujourd'hui, il était coupé par le train et une route nationale. On m'appelle donc pour rejoindre le lieu de la séance. Et de l’extérieur je n'aurais certainement pas pu imaginer tout ce que ce lieu pouvait cacher. On passe par une grosse librairie, des petits couloirs, des jardins intérieurs, des portes coulissantes... Et à chaque bref arrêt pour ouvrir ou fermer une porte, je laisse une partie du monde derrière moi. Rien n'est parfait, l'herbe n'est pas coupée, le bois est rongé a de multiples endroits, certaines portes résistent, mais cela ne fait que rajouter à l'ambiance. Il faudra pour vous faire un effort d'imagination, mais pour moi, je rentre dans mon livre favori. La Pierre et le Sabre. Et c'est un sentiment extrêmement difficile à exprimer. J'étais dans les lignes de ce livre, les scènes que j'avais imaginé dans ma tête prenaient vie. J'étais un homme important, pas samourai ou noble, mais un homme honorable et respecté, invité dans un temple. Je n'avais pas droits aux honneurs de rang, mais j'étais tout de même traité avec dignité. On rentre ici dans l'étiquette japonaise. Devant un noble, on abaisse son propre rang et on élève celui du noble, devant un homme du peuple, on abaisse personne. un bandit on s’élève et on abaisse le rang du bandit, devant un homme que l'on respecte on garde son rang et on élève celui de l'autre. Désolé si c'est un peu technique, mais je suis dans le dernier cas. Ultime porte, et je découvre la pièce. Une salle de cérémonie du thé, chashitsu . J'en avais déjà visité, mais ce sera ma première expérience. Ce sera très facile de décrire cette pièce. Des tatamis, une petite alcove, tokonoma, surélevée, qui présente deux objets, une calligraphie et un arrangement floral. Une porte ouverte laisse admirer le jardin, sauvage, sûrement abandonné depuis de nombreuses années. Je me place en seiza (posture correcte au Japon, qui défonce les jambes ^^) et j'attends. Ce temps doit être utilisé pour s'imprégner de la pièce, sauf que je ne sais pas lire les kanjis de la calligraphie, alors je me concentre sur les détails, le jardin, ... 

La porte coulisse, elle est assise derrière, en seiza elle aussi. Elle s'excuse, elle place un plat dans la pièce, et entre à son tour. Elle me l'apporte, et m'explique que c'est une soupe aux champignons, pour me permettre de me réchauffer. Une soupe simple et fréquente chez les grands voyageurs comme Kukai, frodo ou Miyamoto Musashi. Puis elle ressort et me laisse manger seul. Puis elle revient, même mise en scène, la porte qui coulisse, elle assise, et elle amène un poulet frit japonais, Karaage ! Je suis surpris, ce n'est pas de la cuisine traditionnelle de temple, et elle me dit qu'un henro se dépense beaucoup donc il a besoin d'énergie, et que tout ce qui est hors la loi n'est pas forcément mauvais, faisant référence à Fight Club. Et les plats s'enchainent, une purée de patate avec une gelée de kakis, le plat favori de mon héros, un riz du pauvre, riz complet, passé à la poèle et recouvert de Miso, le miso de Kukai en l'occurrence, Yusu Miso. Une gelée de tubercule sauvage avec une sauce soja, et un noeud éternel bouddhiste fait en daikon rose (je n'arriverais pas à faire ce noeud avec une corde, alors avec un radis ...) et le clou du spectacle pour moi, le dessert, une dragon ball (gelée de pêche avec un morceau de mandarine dedans pour faire "l'étoile") et un détecteur de dragon ball (thé matcha) Elle m'expliquera tout les ingrédients, les influences, les bienfaits, ou encore la signification de l'arrangement floral qu'elle aura sélectionné pour moi. Des branches porteuses de physalis. Elle me dira que cette branche est comme les henros, qui se débarrassent des fleurs, des feuilles, et qui portent pourtant des fruits sucrés. Je ne saurais pas conclure ce moment. Les mots que je pourrais poser ici ne reflèteraient que pauvrement mes sentiments. Si vous n'êtes pas aussi sensibles que moi à la délicatesse de la fleur de cerisier, qui comme le puissant samurai, peut tomber à la moindre brise de printemps, cet article ne vous touchera peut être pas tant que ça. Je fais le vœu que chacun puisse vivre un moment aussi intense dans sa vie. 






 

Comme si ce jour n'étais pas déjà assez beau, je suis invité à parler au prêtre, Fuku Jushoku pour ceux qui se souviennent des titres, qui me demande un peu mon histoire, mon sentiment en tant que henro, tout ça. Il me juge digne de participer à une cérémonie en l'honneur de Yakushi Nyorai. Je pourrais ainsi rentrer dans la pagoda dédiée à ce dernier, un honneur que peu de personnes ont reçu, et à ensuite rejoindre le daishido pour la cérémonie, qui se transformera très vite en méditation pour moi. Le prêtre enchainera pendant plus d'une heure et demie des sutras, à une vitesse folle. A la fin, il vient me demander mes impressions, je lui dis que avec Corona, je n'ai pas pu assister à de tels événements et que ça me manque. Et il me répond presque du tac au tac, tu as vu, je suis habillé comme Piccolo ! En effet, il portait une robe mauve, caractéristique du Namékien. Plus tard lors du repas, il me dira qu'il a lu une thèse sur le bouddhisme et l'oeuvre d'Akira Toriyama. Pour exemple, quand Goku se fait couper la queue pour ne pas qu'il se transforme en gorille géant "Oozaru", il hurle et court de partout, puis il se retourne et dit "Ma ii ka" ce qui peut se traduire par "peu importe" et cela transmet un des principes les plus importants du Bouddhisme, l'acceptation. On aura une discussion très intéressante au diner, sur l'intérêt des occidentaux et des japonais de plus en plus, à apprendre le bouddhisme, alors que la vraie quête devrait être de rechercher la Voie de Bouddha. BUSTU DO ! Et je suppose que c'est le virage qu'a prit ma vie, en passant du Bushido au Butsudo. Bien qu'ils ne soient pas étranger l'un de l'autre.

Je regardais la table alors que l'on me resservait du Nabe. Une famille de Malaisie coincée par Corona, un Fuku Jushoku fan de Dragon Ball, une nonne cuisinière, un photographe Tokyoite, un français. J'aurais souhaité que cette soirée soit sans fin.   


 

mercredi 9 décembre 2020

Retour de vacance

 Il faut bien y retourner un jour ^^ Bon, évidemment, c'est pas du travail de bureau ou quoi, mais c'est vrai qu'un plat de pâtes quand on veut, une chaise pas loin, une douche pas loin, ... C'est pas mal quand même. Mais le pèlerinage ne va pas se terminer tout seul. Alors on remet le sac sur les épaules, un peu moins chargé pour la dernière ligne droite, et en avant !

Et pour être sûr de rentrer dans le bain comme il faut, premier hébergement, Guest House Wakabaya. Un endroit que j'avais surkiffé les premières fois, un propriétaire globe trotter multilingue, qui décide d'accueillir le monde chez lui pour changer, une ambiance aux petits oignons. Le top. Le truc rigolo, c'est que ya 4 ans, il avait son premier enfant qui venait de naître, ya deux ans le deuxième était déjà pas mal grand, et cette fois ci c'est un tout petit bébé ^^ Chaque fois que je viens je rencontre un nouveau membre de la famille. Pour rire je lui ai dit que peut être l'année prochaine ca va lui faire court, vaudrait mieux attendre un peu plus !

Et c'est un super moyen de revenir sur l'île. C'est pour ça finalement qu'on marche. Tout seul on peut être heureux, mais les rencontres, les discussions à n'en plus finir, les amitiés qui se créent, c'est ça qu'on aime. La 2eme chose qu'on aime, c'est la nature. Et Ritsurin Koen, c'est pas mal. Je vous laisse les photos, à vous de juger !






































 

Le programme était plus ou moins ficelé jusqu'à la ligne d'arrivée. Aujourd'hui, c'était train et bus pour rejoindre le chemin là où je l'avais laissé, le temple 88, et reprendre la marche depuis la bas. J'ai fait le trajet avec un papi henro, je me disais tient, il va lui commencer son tour du 88 et marcher à l'envers peut être. Et non. En sortant du bus, je le vois claudiquer vers les marches du temple. On en oublierait presque que oui, le pèlerinage est difficile, que des gens abandonnent régulièrement, que des blessures apparaissent, que tout peut s'arrêter. Je suppose que de le savoir me prépare à un jour peut être moi aussi, devoir arrêter pour prendre soin de mon corps. Mais ce jour, n'est pas encore arrivé ! Et le papi a bien fait d'éviter la fin. Les marches autour du temple 88 ne font pas rire les mouettes. Les machins à hauteur de genoux, ça te met en forme pour la suite !

 






ca glisse
















Je dormais dans un autre endroit le soir, car mon hôte se limitait en terme de clients pour raisons de covid. Il m'a orienté vers un autre endroit, qui se trouve être un entrepot à la base. Il y a la reception et un café en bas, dans un style très urbain, bois, béton, verre, et le dortoir en haut. Mais c'est comme un décor de film en haut. En gros, une grosse boite où c'est tout beau, tout neuf. Les lits dortoirs, les salles d'eau,... Et vu que j'étais seul je me suis baladé, et en dehors de la boite ya l'ancien entrepot, les grosses poutres en métal et tout. c'était rigolo. On m'a orienté vers un izakaya, pub japonais on va dire, super sympa lui aussi. Tu rentres, on t'installe, et pim, petite crevette, salade citronnée,... Tu dis ben euh, j'avais rien commandé moi ... Oui c'est normal, bienvenue. Ah bon ^^. Et vu que avec la campagne pour que les japonais voyagent, tu payes moins cher les hébergements et en plus ils te filent 10 euros pour bouffer, je me suis fait plaisir. J'ai réussi à traduire canard sur la carte, et déjà, ça fait une éternité que je n'avais pas mangé de canard, mais là, lentement cuit dans une petite sauce soja légèrement sucrée (oui, le rayon sauce soja au Japon est un peu comme notre rayon pates, ya le choix !) bien rosé bien fondant ! J'ai accompagné ça de sashimis, et un petit alcool pêche, Umeshu, 20 degrés, 2018. J'adore ça ^^









 

Le lendemain, rendez vous avec un copain local rencontré il y a deux ans. Il voulait absolument marcher avec moi car il a prit un jour de congé spécialement ! Le plan était de se retrouver en haut du temple 85. Donc moi je marche tranquille, mais lui avait changé les plans entre temps ! Il sort d'une gare qui borde le chemin des henros au moment ou je passe devant !!! 30 secondes prêt, on se ratait. Et marcher ensemble, je pense que ça ne lui a pas fait du bien ^^ Je crois que j'ai parlé 90% du temps ^^ Et on a vécu la même expérience en tant que volontaire dans un temple, donc on a pu échanger sur nos sentiments. Pareil, ultra rigoriste, il a fait une erreur un jour sur une calligraphie, et il en a chié un moment avant de réparer la faute ! Il y a aussi un petit temple en haut du crête qui a l'air bien dangereuse, et de temps en temps, il faut aller prier là haut. Le matin. Pas manqué, un moine a fait une chute mortelle, et ils ont décidé de sécuriser le chemin depuis. Les traditions ont la vie dure ! Et au Japon, ce qui se passe dans les temples, reste dans les temples. Il était super content d'arriver à me suivre tout le long du haut de ses 65 ans, je ne lui ai pas dis que d'habitude je marche un peu plus vite que ça ^^ Ca reste entre nous. Enfin, une super journée, qui te recharge les batteries au moins jusqu'au ... prochain jour de pluie. Qu'on attend. Une super surprise de marcher plus de 30 jours avec 2 ou 3 jours de pluie. C'est le top ! Les températures descendent mais la journée, je me balade encore en tshirt. On a terminé avec un restaurant que je ne me serais pas permis tout seul. En gros, on a mangé pour l'équivalent de mon budget en hébergement payant pour 3 jours ^^





Imaginez tintin ou asterix pour les travaux chez nous


le temple de la chute il est en haut de celle à droite







 






Le lendemain la traversée de Takamatsu que je craignais un peu s'est bien déroulée. Sûrement que le moral était bon. Ca change tout. Mais le temple supplémentaire 19, je sais pas qui qui a fait les marquages, je n'ai jamais pris le même chemin pour y arriver. Et pour ne pas manquer à la tradition, j'ai inauguré un nouveau passage cette fois ci ! L'important, c'est de trouver le bon sentier de montagne, la suite, ça va tout seul. Le temple 82 était juste magnifique. Et même si je sais que c'est un truc plus chimique que physique en fait, je suis toujours aux anges quand j'arrive à un tel endroit. En gros, tu marches, t'en baves un peu quand même, dans ta tête, il y a bon, encore 4 km, qu'est ce qu'on mange ce soir, pète toi pas les chevilles sur les pierres cachées entre les feuilles mortes... Et donc en arrivant, t'es comme un gamin, tu ouvres la bouche devant les feuilles rouges, jaunes, oranges, tu as les jambes qui chantent la cucaracha parce que t'es arrivé, tu as tout le corps et l'esprit qui sont WAOUUUU on est bien ! C'est assez unique comme sentiment. Presque addictif. Ca doit jouer dans les envies de revenir, une sorte de shoot de bonnes ondes. Une bonne drogue, qui fait les cuisses. 









 

En sortant de ce temple, je retrouve ma petite hutte, où j'ai failli mourir de froid l'année dernière. Je ne sais pas si vous vous souvenez de cet épisode pour les plus assidus, mais j'avais dormi dans un endroit clos, habillé pour l'hiver dans un sac confort -5, et j'avais encore méga froid. Ce coup ci j'avais opté pour Zen Kappa Dojo, pour les plus anciens lecteurs, qui sont les propriétaires de la hutte en question. Et en passant devant la hutte, un Vieux vieux japonais, tout vieux, qui sort en souriant. On discute un peu. Il attaque à l'envers, tout en tente. C'est la où je me dis que je ne suis pas si extraordinaire. Je suis un peu le bobo henro en ce moment ^^ Ce monsieur était sûrement aussi heureux qu'il avait d'espace entre ses dents. Et il était très heureux !

En petite anecdote, je suis tombé sur un amoureux de la France, 8 voyages, et il connaissait Grenoble. En général les japonais ils connaissent pas parce que c'est pas facile à prononcer. Ca donne Guronubulu, donc même si l'envie les prend d'y aller, personne comprendrait où ils veulent aller ^^. Moi je dis que je viens des Alpes, ou de Lyon. Par contre c'est dingue, tout le monde chez les japonais font un circuit Paris Mont Saint Michel. Je ne sais pas qui est le directeur du market japon chez le mont st michel, mais le mec doit envoyer du lourd. Moi on me disait les jap ils kiffent la provence, la lavande, le romantisme, QUEUE DALLE !




on dirait le suuuuud

 

Je suis passé par Utangura, un endroit légendaire chez les henros, tenu par un couple. Et avant d'y arriver, je passe par un Grand supermarché. C'est assez rare au Japon, en général les supermarchés font la taille des monoprix, ou des petits trucs de centre ville, mais là ca ressemblait à un Carrouf de Périphérie de base. Et dans ce gros truc, ya une boulangerie (passionnant hein ?) Et ben la dame de la boulangerie SE SOUVENAIT DE MOI !!! Vous êtes déjà venu ? Ben, ouais. ya deux ans et 4 ans. Oui oui, je me rappelle. WOW ! Je sais pas combien de personnes elle croise par jour, là, j'ai mon masque et ma casquette, bim. Chapeau, moi je me souviens pas de ce que j'ai mangé hier... Et donc mon hébergement ... La dame était seule, j'ai pas osé demander mais je l'ai su après, le papi est à l'hopital. Déjà ya deux ans c'est elle qui tenait la barraque, mais la toute seule toute seule. J'espère qu'elle tiendra la coup !





 

Passage rigolo avec mon papi campeur. Je crois qu'il m'aime bien. On s'arrête dans un temple, ya un petit endroit fermé pour manger ce qui est assez rare. Il s'installe avec moi, on casse une graine, et yavait d'autres henros, en voiture, et un groupe en bus plus loin. Et moi maintenant, je suis un peu japonais, je me gène un peu, mais lui il y allait sec ! Il disait ouais moi je porte pas toutes les bibelots de chine là, regarde, tous les henros en voiture ils portent du blanc tu crois qu'ils sont prêt à mourir ?! RIEN DU TOUT ! On leur tape leur livre ils sont content, ils ont pas froid, pas faim, pas mal. Tu parles de henros. Et si je me réservais au début, il fallait bien que je le supporte contre l'adversité, alors je lui ai dit que je pensais comme lui maintenant. Que si les gens pensent que l'on ne donne des ossetai qu'à ceux qui portent un chapeau fabriqué au Vietnam et peint en Chine, alors je ne voulais pas d'ossetai. Je pense faire comme lui, une fois que j'aurais les 4 preuves, j'arrêterai les tampons. Si c'est juste pour avoir des papiers (Osamefuda) de couleurs, au pire, je prends un feutre et je peins les miens en bleu ^^ Et on a terminé bon enfant, avec les bons souvenirs. Et puis il m'a avoué que l'argent qu'il ne mettait plus dans les calligraphies, il le mettait dans le whisky ! Paradoxe que j'aime bien. Mec hyper puriste dans la religion, qui repousse ses limites et qui se pogne la tronche le soir ^^

J'ai fait mon bref passage réglementaire à Kompira san. Ce n'est pas un endroit du pèlerinage, mais je l'aime bien quand même. Il n'est pas loin du temple supplémentaire 17 (qui a un moine très sympa). Et il comporte un peu plus de 800 marches. Et à chaque étape, on voit les abandons. Au début, c'est que des petites échoppes, avec encore pas mal de choses traditionnelles par rapport au reste made in China de Tokyo par exemple. La déjà, yen a qui râlent, 100 marches, vous êtes au portail d'entrée. Certains, lucides, savent qu'ils n'iront pas au bout. 200 marches, premier gros temple. L'occasion de prendre son souffle, ou d'attendre ceux qui partent plus avant, en mode film américain. (partez devant, je vais essayer de ralentir l'ennemi, non, laissez moi, je suis foutu) 400 marches, le temple principal, tout le monde est heureux, on tamponne son livre, tout le monde profite, du coup ya beaucoup de gens, et de perches à selfie, alors on continue les marches. Et là, ya peut être 10% des gens seulement. Et on a tous un petit check entre nous genre "toi aussi t'es fort" "non toi t'es fort". Et c'est vrai que le henro, il se démarque. Déjà parce qu'il y a que moi en étranger. Que j'avalais les marches deux par deux, comme dans le pèlerinage. Et avec le sourire ! Et ce sanctuaire est très sympa, historiquement lié au pèlerinage, car il est le protecteur des voyageurs et des marins ! Bon, il ne me reste pas longtemps, mais autant mettre toutes les chances de mon côté !




pas en forme aujourd'hui

tous les voyageurs !
















 

Et cette journée était la première des grosses journées. Normalement, je pars tôt, je mange en marchant, des cahuètes ou des cookies, et je ne fais pas de pause ou presque jusqu'à arriver, et après je m’effondre et je dors. Mais là je termine mes journées plus tard car elles sont chargées, et l'enchainement fait mal. Puisque après cette grosse journée, deuxième journée chargée, avec un temple a 500 marches sur les 8 temples de la journée. J'essayais de me dépêcher car je dormais chez un pote, qui a marché 4 fois, en voiture 4 fois aussi. Et il a l'habitude d'emmener les gens voir un coucher de soleil. Et je suis arrivé en retard à cause de ses amis ! Ils tenaient un petit stand pour les pèlerins, et ils offrent le café, les mikans, et ils discutent, et ils reproposent un café, et du coup raté le coucher de soleil... Mais bon, les discussions avec Kubo San sont toujours intéressantes, de marcheur à marcheur, on se comprend sans trop parler finalement. Ca fait un bien fou de pouvoir exprimer des sentiments que l'on a du mal à décrire aux externes. 





Le déroule de la journée, j'ai commencé derrière la montagne à droite, j'ai monté la montagne à gauche, et je suis venu jusque là pour prendre la photo ^^

la peur de ma vie quand un train est passé au dessus de moi !







le sac du papi, et mon cadeau pour lui dessus


vous, c'est l'hiver, nous on plante les salades ^^

des frites de patates douce, ma drogue




 

Et puis dernier jour de la semaine, certainement le pire, car long, et très haut. En gros, les chambres d'hotes sont fermées, je ne pouvais pas parier sur l’hébergement du temple 66 et j'avais raison, et du coup MARCHE ! En avant, le plus haut des temples des 88, 900 m de dénivelés en 3km, au milieu des 35 km. On passe de 20 degrés à 6, et je n'avais qu'un truc léger sur le dos, pour deux raisons :

Je fumais tellement le corps était en surchauffe de l'effort développé pour arriver en haut

Kubo San m'a dit t'inquiète, tes vêtements vont sécher si tu les mets dehors, fait moi confiance ! Et ils étaient encore plus trempés le matin qu'à la sortie de la machine !^^












 

Et j'écris cela avant une journée très intéressante, qui méritera certainement un article à part entière. Pourquoi est ce que j'écris moins d'articles, tout simplement car il y a moins de vues. J'avais des interactions avec mes premiers posts les premières années, il n'y a en a plus qu'avec une personne. Je suppose que cela vient de moi, je dois être moins intéressant avec mon 3eme passage, il y a moins de choses nouvelles, j'ai perdu mon mojo, j'ai moins la pêche pour vous ?

Bon, je vais terminer ce pèlerinage avec vous, mais il se pourrait bien que le prochain je le garde pour bibi, et que si vous voulez des nouvelles ce sera en messages uniquement. Il faut dire que cela me prend facilement plus de deux heures tous les 3 jours, et que si il n'y a pas l'interaction que je recherche, je ne crois pas que cela vaille l'effort ! Sans rancune !

Je vous aime quand même, à très bientôt pour le récit d'une journée vraiment extraordinaire.

fanf