dimanche 24 novembre 2019

Les taons sont durs (copyright reserved)

Beaucoup de fleurs


Comme annoncé donc, il y a eu la cérémonie funeraire de la mère du jushoku. La personne décédée est installée dans une pièce de la maison, des gens viennent prier autour d'elle. On a même envoyé les enfants la voir, l arriere mamie, et ils s s'amusaient. Je ne voyais pas grand monde de triste. En verité, je n ai vu que mon patron et une mamie pleurer, sur les 3 jours que durèrent l adieu. On place ensuite la personne dans un cercueil, puis on amenage la piece avec BEAUCOUP de fleurs. Le soir, une dizaine de prêtres sont venus prier autour de la défunte, avec une cinquantaine de personne pour ecouter. Puis le lendemain de nouveau ceremonie, prières (et tout le monde connait les paroles) c est assez puissant comme moment. A la fin, il ne reste que la famille. Le personnel des pompes funèbres coupent toutes les fleurs et on remplit le cercueil avec. Scene assez dingue des enfants qui jouent a mettre des fleurs dans les cheveux d un mort, sous les flash des photos. Mais si il y a bien une chose que l'on ne peut juger culturellement, c est bien la mort. Le cercueil est ensuite promené devant le temple, et on le fait tourner sous des insignes sacrés, et on tourne autour et on chante. Tout le monde est ensuite allé a la cremation, a laquelle je n ai pas assisté. Je suis resté aider nishida a ranger le bazar. Un moment étrange cette cérémonie. Et devinez qui etait le seul mec qui n etait pas en costard ? BIBI !



Il s est ensuite passé une chose étrange. D ordinaire tout seul, j etais accompagné lundi par le boss, qui m a invité a manger chinois. Très aimable. Mais l apres midi, gros mal de crâne. Je me dis faudra voir comment ca évolue, ce soir je me couche tôt, tout ça. Mais en arrivant au temple, j etais franchement malade, jusqu au moment où je compris que ce n etait pas la tête le problème... une petite salive dans le fond de la gorge qui vient toute seule ... beeuuuuaaaarrrgg. Bon ben le chinois au japon c est pas pour les francais.
2 jours au lit, quand on a bossé 2 semaines en une pendant 1 mois, ca fait tout drôle. Ce contrecoup m a remué l'esprit au point où je doutais du bien fondé de ma presence ici. Je me disais c est trop, tu as un an, va voir ailleurs, un endroit où on bosse moins. Mais une discussion avec le patron remettra les pendules a l heure. Je bosse beaucoup en ce moment pour éviter de trop être dans les champs en hiver. Parce qu il commence a faire froid. Pas un -20°, mais un froid bien humide qui glace jusqu aux os, et ensuite tintin pour te réchauffer. Donc je suis retourné débroussailler avec une vigueur nouvelle !



Pour finir sur une note rigolote, un matin, alors que je sonne les 6 coups de 6h pour la cérémonie, je me retrouve comme d'habitude a parcourir les 40m qui me separent du temple dans le noir, puisque le soleil se leve vers les 7h en ce moment. Je remarque dans la penombre 2 yeux brillants. La silhouette de bien 50cm au garrot se rapproche de moi, donc l affrontement est inevitable. 


Et c etait miro, un des chiens de la famille qui a vu le portail ouvert et en a profité pour faire une balade. Et si autour de sa maison il vaut mieux se méfier, en dehors c est une vraie crème qui aime bien les gratouilles de ventre. Je me suis donc rendu a la ceremonie du matin en retard pour cause de chien !
Ptit post pour une petite semaine.


mardi 12 novembre 2019

La fin de mois

Tous les matins du monde



Le lendemain du barbecue etait annoncé difficile. Pas manqué c'était difficile. Surtout que mes potes volontaires ont oublié de venir m'aider pour les feuilles. Ça vous fait tomber une gueule de bois rapidement de balayer les feuilles à 5h. On a ensuite eu droit à une nouvelle répartition des tâches, moi aux chambres, et eux trois au onsen. Ma seule peur était qu'ils finissent plus tôt que moi et viennent "m'aider". Mais nishida san débarqua et on plia les chambres niquel. Ensuite, on a eu droit a hajikan. La méditation zen, mais chez les shingons. Le fuku jushoku (je dois encore dire vice chef ou vous suivez si je dis fuku jushoku ? ^^) était à la manoeuvre, dans la pièce a cérémonie dans l'hôtel. Il m'a donné deux trois explications en anglais de manière très sympathique, puis on s est concentré sur notre place dans l univers. Il y a beaucoup de chose plus grandes que moi, beaucoup de choses plus petites que moi, où suis-je ? Le problème n'était pas philosophique pour moi, mais bien physique. En shingon, on sépare la gauche, moi le non propre, la jalousie, l'envie, tout ça et bouddha à droite, le pur, et le reste. Donc il faut mettre la jambe droite sur la jambe gauche. Et bien croyez moi, mon coté pas propre ne s'est pas laissé faire ! Impossible de garder la position normale, donc je suis repassé en tailleurs pour la dernière demi-heure. Et quand le fuku jushoku est rerentré dans la pièce, même les yeux fermés je savais qu'il avait remarqué ma position. À la fin, alors qu'on avait les yeux ouverts, il a moqué ma souplesse et a devoilé l'arme ultime, la latte de bois. Il a dit qu'en voyant ma position, il avait eu envie de taper non pas avec le plat, comme de coutume, mais bien avec le tranchant de la latte ! ^^

Un beau bazar


On est allé ensuite dans le temple pour un cours de taiko. Les japonais sont passés avant moi, et ils n arrivaient pas à faire le tokodokotokotokotokodoko. Arrive mon tour et bim, parfait. Dans ma tête, ca faisait un DEUX trois quatre un DEUX trois quatre. Et c etait plus facile que tokodoko ^^.
Les volontaires partaient un par un, qui pour tokyo qui pour kyushu, retrouver leur boulot normal. Ils auront tous un mot sympa en partant, et ils l auront tous dit au chef, le ptit français il bosse beaucoup, et bien. Et ca m'a fait plaisir. 
Plus d œuvres de kondo sensei




Le jushoku ensuite il m'a dit de debrousailler l entrepot. Des lianes recouvraient tout, partout, et il y avait là quelques moniticules qui m'inspiraient rien de bon. Et sous ma lame, des merveilles. Des tuyaux en beton ou en plastiques, assez pour refaire les égouts d'une ville de la taille du Caire. En attaquant les dunes, j'espérais trouver un arbuste et BIM ! des pierres... pareil, de quoi construire une nouvelle muraille sur les côtes japonaises en cas d'invasion mongole. J'ai posé la question au jushoku, et il m'a fait rire. Il a levé les deux avant-bras baissé la tête et fait prr, construire un mur ? C est une chose qui marque quand vous êtes avec les japonais, c est qu on dirait des personnages de manga. Les reactions sont démesurées, les gestes évocateurs. Si on chercher un mot ou un nom par exemple, on pointe l index sur les sommet de son crâne et on ferme les yeux. Si on parle de nous même, on se touche le nez avec l index. Si on trouve quelque chose tres bon, on sursaute violemment, on ouvre grand les yeux (oui, meme les japonais) et on fait OÏSHIIIII !!!! Ou encore les onomatopées qui sont des mots. Un jour le fuku jushoku dit au jushoku tu trouves pas que le pin il est wobla wobla ? Le jushoku secoue le pin et ilbetait wobla wobla il perdait ses épines quoi. Ca m arrange parce que je peux raconter mes histoires comme ca. Genre un jour j etais a la montagne, et il a fait un typhon eclair. Genre 2 minutes de chaos. Et ben j ai pu dire "je debroussaillais quand BRRAAAAAA PLUIE. Donc je rentre me mettre a l abris dans la cabane, je ressors et REBRRRRRAAAAA PLUIE !" et ils comprennent bien ^^.

On voit la fin, encore quelques heures !

Le petit dej de champion, beurre cacao !

Je me suis rendu a mon premier cours de badminton également. J arrive sur les lieux du crime, plein de jolies japonaises qui sortent des voitures, mais pas de sac de sport, juste un mini sac. Je demande à un monsieur qui faisait son jogging, il me confirme que c est bien un gymnase, dolc j attends. Mais ce meme monsieur revient et me dit c est pour du badminton ? Je dis oui et c'était pas là, c'était du ballet ici. N'empêche j ai jamais eu autant envie de danser moi. Le monsieur m'explique comment me rendre à mon gymnase mais ya des travaux, je comprend pas tout, c est a 3 km, ... il saute dans ma voiture et me dit copilote. En avant. Sur le trajet ( on se traine sur les routes au japon !!!) on parle de moi, de lui, de henro, tout ca. Puis on arrive. Je lui dis que je vais le ramener mais il me dit que ca lui fera un entrainement supplementaire. Je lui offre alors les mandarines protocolaires se shikoku, et le regarde s en aller dans le noir. Ce n etait pas motivé par la religion son acte, je n etais pas henro. Pas financier. Juste de la pure gentillesse. Incroyable. 
Le cours de bad etait tres sympa lui aussi. Une prof et une dizaine d'élèves, de 10 a 70 ans. Pour l'échauffement on m a mis dans le dur avec une minette, drive, rush, amortis, shadow, et petite seance de smashs. C est normalement ma force, la elle renvoyait tout sans broncher. Ensuite la prof decidait des matchs, qui jouait contre qui, en simple en double ou en mixte. On commence le match en s inclinant et en disant onegai shimasu (sil vous plait) on tire les equipes au pierre feuille ciseaux, et on dit merci quand on a terminé. Je suis tombé pile sur mon niveau en fait, avec 2 personnes largement au dessus, donc bon pour la progression. 

J'ai aussi impressionné le chef avec mon rangeage de bois. Il fallait charger la camionnette avec du bois tronçonné la veille, le monter au temple, manoeuvrer comme on pouvait pour l emmener pres de l atelier et en faire une pile. En 4 voyages, j ai cumulé des buches à bien 4m de hauteur sur 5 de large. Comme quoi l entrainement en france aura payé !!! La Crau si tu m entends, mon tas ne chutera pas !
Faut passer en mode 4x4 pour avancer mais ca passe

Le truc blanc en bas a gauche, c est la camionnette !


On vit aussi des choses bizarres parfois. Samedi, je nettoyais les toilettes, et pouf, 15 minutes plus tard j etais dans une pièce avec pleins de costards et le jushoku en costume d'aparra. Je venais assister a une coupe de ruban pour l inauguration d un truc. J avais pas de chaise puisque le jushoku n avait prevenu personne. Je pouvais donc assister a des scenes comme on peut en voir qu au japon, comme une dame en tailleur, haute placée dans la hierarchie, qui remet en place le noeud de cravate du maire en le grondant un peu, phenomene que j ai deja pu observer au japon, les mères sont les mères de tout le monde ! Ou alors deux personnes qui se croisent dans un couloir, qui croient que l autre veut quelque chose alors on s arrête, on s excuse, l autre s excuse, moi, vous, non ? Pardon, desolé, ahah, encore pardon, vraiment désolé, ... 
J ai aussi vécu une scène irréelle du chef de la police d'imabari qui faisait le théâtre, tout seul derriere des petites fiches. En mettant l accent pour faire le méchant, ou la mamie, ou le petit enfant, ... tout ca pour prévenir des arnaques au telephone. Il me demandait a la fin si on faisait pareil en france. Je me suis imaginé christophe castaner imiter une vieille, et ca m'a fait rire. 


Le maire d imabari est venu me parler aussi, en voyant que j etais tout seul. Il commencera avec la forme polie, que je ne comprend pas, puis passera sur la forme normale pour qu on echange deux mots. J ai trouvé l initiative très sympa. 
Le soir même, j ai eu droit a un discours du fuku jushoku sur les henros étrangers. J'avais demandé pourquoi ça les blessait tant que des gens ne viennent pas aux ceremonies du matin. Je savais que c'était obligatoire, mais je percevais que c'était plus profond qu une simple infraction a un reglement. Au 17ème siècle, le japon connait une grande periode paix, qui voit enfin les deplacements possibles entre les regions. C'est la que le pelerinage prendra son essor. Tout simplement, on peut se deplacer, on a un peu de sous et du temps, mais les frontieres sont la, tres nombreuses et pas faciles a traverser, sauf pour les henros. Donc on en profite. Le manque de migration aura aussi atteint les temples, puisqu aucun n'a la même vision de la religion, même si c'est la même fondamentalement, de plus les langues ne sont pas les mêmes entre les regions donc on ne se comprend pas, la culture diffère... mais shikoku opérait deja une magie blanche, et tout le monde faisait le tour tranquillement (sauf ceux qui callenchaient sur le chemin) ils pensent aujourd hui que le même scenario opère avec les etrangers. Que malgré les difficultés, le coeur passera et la paix régnera. En offrant gratuitement une piece fermée pour dormir et un bain chaud, ils gardent l'esprit de shikoku intact. Ils demandent en contrepartie d assister a la ceremonie le matin. On peut prier qui on veut en son coeur, christ bouddha allah sa mere ou son chat, l important c est de partager un moment ensemble pour le sacré, pour tout ce qui est beau. Ceux qui ne le font pas rappelent donc que pour certain ce n est qu une ballade de plus. Et ca fait mal. 
Dimanche j ai une l aide de Sakaï san, qui porte bien son nom parce qu il a pas fait chaud (meilleur blague du post) il bosse tres bien lui par contre, il est resté a senyuji 6 mois comme moi donc il savait ce que je traversais. Lui avait un jour de congé hebdomadaire, mais on y reviendra. Il m a parlé de hip hop japonais, qui ressemble fort a public ennemy, alors je lui ai fait ecouter ntm et iam, et pendant l ecole du micro d argent, je l entends crier a côté de moi, qui conduit. Je me dis il est a fond dedans. Puis il bouge bizarre. Je me dis il est trop a fond. Et j entends BBZZZZZZ. Un mega frelon de la mort sous ses pieds. J arrete la voiture et on sort tous les deux en hurlant. L engin sortira sans plus de dommage. Plus de peur que de mal. 
Beau boulot !





Le soir meme, j ai fait ossetai de pate bolo a un allemand qui dormait en tsuyado et qui n avait que des saucisses froides a manger. Je me suis dit qu il vivait le stereotype, alors je l ai invité. On aura parlé pres de 3h. Il est japanologue, et aime dragon ball. On aurait pu faire shikoku ensemble que l on aurait encore des choses a se dire. J ai ce role particulier avec les henros etrangers. Une sorte de soupape d anglais, pour qu ils me disent ce qui les chagrine le plus, ce que les emerveille... j ai pas beaucoup de temps, mais je rencontre beaucoup de monde tres interessant. 
Je finirais avec ceci. J ai eu ma premiere paye, des mains du chef, dans une petite enveloppe tout en liquide. Lors de la remise, il fera l eloge de mon boulot, et je ne saurais pas où me mettre. Mes predecesseurs n aidaient pas autant, et il apprécie mon esprit altruiste, et combattif. Je dois encore faire des progrès en karate pourtant. Une fois par semaine, 100 coups de poings, 100 coups de pieds. Assouplissements, pompes et abdos. Oui chef. 
Enfin, il me dira que l on ira faire shikoku ensemble, en voiture. Un jushoku et son shugiste francais. Une premiere surement. Et j ai hate de me lancer dans l aventure. 
Mais l aventure attendera... ce matin, la mere du jushoku est partie rejoindre bouddha. Ce sera une journée grand nettoyage, avec une veillée autour de la maman, qu on a installé dans une piece du temple. Beaucoup de monde vient se recueillir, mais pas de pleurs pour l instant. La mort n est pas si triste que ca ici manifestement. La cremation aura lieu demain. Je vous en dirais plus d ici la. 
Profitez de la vie avant de devenir bouddhas vous aussi ! Dans longtemps hein. On est pas pressé quand même !

dimanche 3 novembre 2019

Une semaine chargée

Le lieu de travail
Le mot fut laché. Shugyo. Pratique ascetique. Les moines le font avant de passer moines. Plusieurs années durant, mon rythme de travail, non aménagé. Ils doivent sûrement remplacer quelques debroussaillages par des récitations de sutras, des apprentissages sacrés et autres, mais le fait est là. En baver.
Kannon aux milles bras

Étrangement, maintenant que je suis un peu dans le bain, le travail ne me fait plus trop mal physiquement. Je dors bien, je mange bien, je tiens le cap. Voire même j ai pris un kilo mais on y reviendra. Non, il s'est passé une chose à laquelle je n'étais pas préparé... j'ai eu un jour de congé. Puis deux, puis trois ! Intriguant n'est ce pas ? Pourquoi ?! Une espèce venue d'ailleurs, a laquelle ni le chef ni moi n'étions préparés : une française...
Tout à commencé par un jour de pluie. Je suis maintenant tout seul, je ne peux donc pas rouler dans la couverture et laisser mon partenaire balayer. C'est tout pour bibi. Alors 5h, comme tous les matins, en avant. J'avais un goretex en plus ce jour la. Puis cérémonie du matin. Puis petit-déjeuner. Puis j'aide a débarrasser les tables, puis je les nettoie, puis je passe l aspirateur. Puis je vais au onsen. Je lave. J'aspire. Puis je monte aux chambres. Les draps, les poubelles, puis remettre en ordre, puis aspirer. Si le jushoku se dit qu'il veut attaquer les champs plus tôt, j arrête ces tâches plus tôt. Mais alors ca retombe sur Nishida san, et j aime pas ça. On monte aux champs, on arrête quand on a faim, on mange ce qu on a préparé, puis mini sieste (si je suis tout seul c est grosse sieste faut pas deconner) puis on rattaque jusqu'à qu on y voit plus grand chose. Alors on rentre, je nettoie les toilettes du parking, je file au onsen (pour m'y baigner ce coup ci) puis j aide aux repas, puis je mange, puis je me couche. C est dans cette fourchette qu il faut taper pour vous si vous voulez une discussion en direct 12h30 14h en gros chez vous



Le sourire en prime

Oui mais voilà, aujourd hui il pleut, fort. Alors on va pas aux champs (Élysées palapalala) on va chez un autre artiste. Ce qui donnera lieu a une blague redondante sur moi qui regarde le ciel le matin et qui dit oulala, grosse pluie aujourd hui !
Kondo sensei. Il a apprit la sculpture et la calligraphie au jushoku. Et dans une petite maison, qui paye pas de mine du tout, au milieu d'une ville pas bien belle un jour de pluie, je découvre un trésor. Dès l entrée, des sculptures, des oeuvres, des tableaux, partout autour de nous. Une immense table en pierre de 3 m de long au milieu, et quelques chaises. Le maître n est pas encore là, donc on observe un peu. Jushoku m explique deux trois choses, quelques kanjis... je tombe amoureux d une calligraphie sur fond de montagne a l encre. Puis le sensei (en fait il faut prononcer senne séé le i n est la que pour rallonger le e, qui se prononce é au japon) arrive avec des cafés, on se présente, on attaque des chocolats hypers bons. On m en repropose. Je dis oui. Le jushoku secoue la tête et me dit qu au japon il faut refuser poliement. Ce qui donnera lieu a une nouvelle blague redondante ou quand le jushoku me propose quelque chose je me tiens bien droit, ferme les yeux et en secouant la main fait "non non, merci" ostensiblement. Vous l aurez compris, on se marre souvent quand on est tous les deux.
Ces deux vieux monsieurs me montrent alors tout ce qu il y a à voir, même l atelier. Des cadeaux de grands artistes aux modèles qui posent nues mais dont on recouvre l apparreil d un pagne lors de la sculpture. Ils m expliquent aussi qu avant les maîtres frappaient les élèves et pas les ptites baffes mais bien les droites sévères. J espere que les temps ont changés ^^
Une très belle journée, qui se terminera par un jushoku qui dit qu aujourd hui j ai rien fait, et par nishida san qui lui dira toutes les taches que j ai accomplies en "faisant rien". toujours est il que si je m en sort bien, je devrais prendre des lecons avec ce monsieur un jour. En plus son café est bon !




On attend du monde

Et puis, et puis un message sur mon facebook d une francaise qui voudrait s arrêter a senyuji pour faire un article. J ai pris deux jours me dira t'elle. Elle s en ira au bout de sept. La personnalité du Jushoku, nishida san bien sûr, l ambiance du lieu, la magie qui a opéré sur moi n etait donc pas qu'une étrange alchimie avec ma personnalité, elle agit sur d autres personnes également. Elle prendra un debrousailleur pour la deuxieme fois de sa vie pour venir nous aider. Viendra m aider tous les matins a 5h30 (je ne lui ai pas dit 5h pour la laisser dormir un peu plus ^^). Et laissera une marque aux habitants de senyuji, avec en apogée une soirée crêpe avec tout le monde (on a ainsi decouvert que les crêpes on peut avoir assez mangé au bout de la deuxieme seulement. Je me suis arreté a 4 pour etre poli) 






Crêperies 
Et c'est du bon




Mais pour moi, ca a surtout été l occasion de partager mes sentiments. Je n ai pas trop le temps de vous écrire, mais vivre l instant avec quelqu un c est plus fort encore. Elle a vu notre relation avec le jushoku, on dirait deux gamins avec 40 ans d écart. Pourquoi j aime tant nishida. Pourquoi je me sens bien ici... des journalistes comme ça, ça court pas les rues. Ça marche autour de shikoku pourtant. Et ça fait du bien. Merci !
Et puis j ai repris ma vie de moine ascetique solitaire. Pas pour bien longtemps ! Samedi, j avais oublié qu on était samedi. J etais en retard pour le cours de karatéka. J ai sauté dans la douche, puis dans mon habit blanc, puis j ai pris un coup dans le plexus (pas fort, c etait pour me montrer qu c est un point fragile et qu il faut le proteger ^^ j'ai bien compris la leçon !) Puis on m'a presenté 3 volontaires pour le week end, qui viennent de tokyo et de kyushu.

Daishi sama


La pause déjeuner 


Encore une belle journée jsuis en retard pour le karate, je vais encore me faire latter

Ravis d avoir autant de bras en plus, je les accueille au saké. Je déchante quand on me dit qu'ils vont faire la cloche le matin, pour les 6h. J aime bien la cloche moi, mais ils ont entre 40 et 55 ans, ils ont terminé l entraînement, je les laisse faire. A 5h58, alors que les coups auraient du commencer et que je suis assis dans le temple (pour une fois) j entends qu on m'appelle. Furansowa san! Ils ne savaient pas comment faire. Ils essayent, tapent pas fort, pas en rythme, n importe quoi ! ^^. Alors qu ils aident ensuite aux chambres, on a attaqué des deux côtés pour aller plus vite, j entends l aspirateur marcher alors qu on a rien mis en place. Bizarre mais bon, je fais confiance. J'ai terminé mes 7 chambres, ils finissaient leur deuxième, et j entends nishida san m appeler. Les saguoins avaient tout bourré dans les placards ! Elle me montre le résultat et me dit c'est pas propre ça, et je secoue la tête en imitant les japonais (qui montrent vraiment les expressions en exagérant bien) et je dis : ces japonais ... dans un soupir. Elle éclate de rire et on refait les chambres niquel.
Je les conduis ensuite a la ferme pour que l on bosse un peu. Carnage. Alors que je debrouissaillait une pile de rochers, horrible, ils tentaient quelque part et revenait en disant, trop dur. Puis un autre endroit, trop dur, ... le jushoku les a fait porter des pierres pour remplir les trous sur le chemin ! J espere ne jamais avoir a endurer cette humiliation la. Genre bon ben si tu sers a rien, fait un truc qui sert a rien. ^^ mais eux aussi, ils etaient tres très sympas. On aura bien rigolé quand même! Surtout que le soir du dimanche, on est invité a une soirée barbecue de sanglier. Et dans la cabane de samurai au bout de la montagne. 


L equipe de choc


Le rêve 


On est 5 a manger

Et c'est mon plus beau souvenir de l'année dernière. L'ambiance est là, chacun sert les autres. Légumes grillés, viande, poisson, gambas, biere et sake. Rires. Le petit passage emotion du jushoku qui raconte une histoire pleine de sagesse mais que j ai rien compris parce que j etais pompette. Je savais que le lendemain allait etre très dur. Mais le shingon, c est vivre dans le présent. Pas de récompense a chercher après la mort. Pas d'élévation personnelle et de beatification. Aider les autres, c est aider bouddha. Aimer les autres, c est aimer bouddha. Voila pourquoi je suis bien ici. Et je vous aime aussi, bande de bouddhas en puissance !






Voila tout ce que j ai débroussaillé