dimanche 3 novembre 2019

Une semaine chargée

Le lieu de travail
Le mot fut laché. Shugyo. Pratique ascetique. Les moines le font avant de passer moines. Plusieurs années durant, mon rythme de travail, non aménagé. Ils doivent sûrement remplacer quelques debroussaillages par des récitations de sutras, des apprentissages sacrés et autres, mais le fait est là. En baver.
Kannon aux milles bras

Étrangement, maintenant que je suis un peu dans le bain, le travail ne me fait plus trop mal physiquement. Je dors bien, je mange bien, je tiens le cap. Voire même j ai pris un kilo mais on y reviendra. Non, il s'est passé une chose à laquelle je n'étais pas préparé... j'ai eu un jour de congé. Puis deux, puis trois ! Intriguant n'est ce pas ? Pourquoi ?! Une espèce venue d'ailleurs, a laquelle ni le chef ni moi n'étions préparés : une française...
Tout à commencé par un jour de pluie. Je suis maintenant tout seul, je ne peux donc pas rouler dans la couverture et laisser mon partenaire balayer. C'est tout pour bibi. Alors 5h, comme tous les matins, en avant. J'avais un goretex en plus ce jour la. Puis cérémonie du matin. Puis petit-déjeuner. Puis j'aide a débarrasser les tables, puis je les nettoie, puis je passe l aspirateur. Puis je vais au onsen. Je lave. J'aspire. Puis je monte aux chambres. Les draps, les poubelles, puis remettre en ordre, puis aspirer. Si le jushoku se dit qu'il veut attaquer les champs plus tôt, j arrête ces tâches plus tôt. Mais alors ca retombe sur Nishida san, et j aime pas ça. On monte aux champs, on arrête quand on a faim, on mange ce qu on a préparé, puis mini sieste (si je suis tout seul c est grosse sieste faut pas deconner) puis on rattaque jusqu'à qu on y voit plus grand chose. Alors on rentre, je nettoie les toilettes du parking, je file au onsen (pour m'y baigner ce coup ci) puis j aide aux repas, puis je mange, puis je me couche. C est dans cette fourchette qu il faut taper pour vous si vous voulez une discussion en direct 12h30 14h en gros chez vous



Le sourire en prime

Oui mais voilà, aujourd hui il pleut, fort. Alors on va pas aux champs (Élysées palapalala) on va chez un autre artiste. Ce qui donnera lieu a une blague redondante sur moi qui regarde le ciel le matin et qui dit oulala, grosse pluie aujourd hui !
Kondo sensei. Il a apprit la sculpture et la calligraphie au jushoku. Et dans une petite maison, qui paye pas de mine du tout, au milieu d'une ville pas bien belle un jour de pluie, je découvre un trésor. Dès l entrée, des sculptures, des oeuvres, des tableaux, partout autour de nous. Une immense table en pierre de 3 m de long au milieu, et quelques chaises. Le maître n est pas encore là, donc on observe un peu. Jushoku m explique deux trois choses, quelques kanjis... je tombe amoureux d une calligraphie sur fond de montagne a l encre. Puis le sensei (en fait il faut prononcer senne séé le i n est la que pour rallonger le e, qui se prononce é au japon) arrive avec des cafés, on se présente, on attaque des chocolats hypers bons. On m en repropose. Je dis oui. Le jushoku secoue la tête et me dit qu au japon il faut refuser poliement. Ce qui donnera lieu a une nouvelle blague redondante ou quand le jushoku me propose quelque chose je me tiens bien droit, ferme les yeux et en secouant la main fait "non non, merci" ostensiblement. Vous l aurez compris, on se marre souvent quand on est tous les deux.
Ces deux vieux monsieurs me montrent alors tout ce qu il y a à voir, même l atelier. Des cadeaux de grands artistes aux modèles qui posent nues mais dont on recouvre l apparreil d un pagne lors de la sculpture. Ils m expliquent aussi qu avant les maîtres frappaient les élèves et pas les ptites baffes mais bien les droites sévères. J espere que les temps ont changés ^^
Une très belle journée, qui se terminera par un jushoku qui dit qu aujourd hui j ai rien fait, et par nishida san qui lui dira toutes les taches que j ai accomplies en "faisant rien". toujours est il que si je m en sort bien, je devrais prendre des lecons avec ce monsieur un jour. En plus son café est bon !




On attend du monde

Et puis, et puis un message sur mon facebook d une francaise qui voudrait s arrêter a senyuji pour faire un article. J ai pris deux jours me dira t'elle. Elle s en ira au bout de sept. La personnalité du Jushoku, nishida san bien sûr, l ambiance du lieu, la magie qui a opéré sur moi n etait donc pas qu'une étrange alchimie avec ma personnalité, elle agit sur d autres personnes également. Elle prendra un debrousailleur pour la deuxieme fois de sa vie pour venir nous aider. Viendra m aider tous les matins a 5h30 (je ne lui ai pas dit 5h pour la laisser dormir un peu plus ^^). Et laissera une marque aux habitants de senyuji, avec en apogée une soirée crêpe avec tout le monde (on a ainsi decouvert que les crêpes on peut avoir assez mangé au bout de la deuxieme seulement. Je me suis arreté a 4 pour etre poli) 






Crêperies 
Et c'est du bon




Mais pour moi, ca a surtout été l occasion de partager mes sentiments. Je n ai pas trop le temps de vous écrire, mais vivre l instant avec quelqu un c est plus fort encore. Elle a vu notre relation avec le jushoku, on dirait deux gamins avec 40 ans d écart. Pourquoi j aime tant nishida. Pourquoi je me sens bien ici... des journalistes comme ça, ça court pas les rues. Ça marche autour de shikoku pourtant. Et ça fait du bien. Merci !
Et puis j ai repris ma vie de moine ascetique solitaire. Pas pour bien longtemps ! Samedi, j avais oublié qu on était samedi. J etais en retard pour le cours de karatéka. J ai sauté dans la douche, puis dans mon habit blanc, puis j ai pris un coup dans le plexus (pas fort, c etait pour me montrer qu c est un point fragile et qu il faut le proteger ^^ j'ai bien compris la leçon !) Puis on m'a presenté 3 volontaires pour le week end, qui viennent de tokyo et de kyushu.

Daishi sama


La pause déjeuner 


Encore une belle journée jsuis en retard pour le karate, je vais encore me faire latter

Ravis d avoir autant de bras en plus, je les accueille au saké. Je déchante quand on me dit qu'ils vont faire la cloche le matin, pour les 6h. J aime bien la cloche moi, mais ils ont entre 40 et 55 ans, ils ont terminé l entraînement, je les laisse faire. A 5h58, alors que les coups auraient du commencer et que je suis assis dans le temple (pour une fois) j entends qu on m'appelle. Furansowa san! Ils ne savaient pas comment faire. Ils essayent, tapent pas fort, pas en rythme, n importe quoi ! ^^. Alors qu ils aident ensuite aux chambres, on a attaqué des deux côtés pour aller plus vite, j entends l aspirateur marcher alors qu on a rien mis en place. Bizarre mais bon, je fais confiance. J'ai terminé mes 7 chambres, ils finissaient leur deuxième, et j entends nishida san m appeler. Les saguoins avaient tout bourré dans les placards ! Elle me montre le résultat et me dit c'est pas propre ça, et je secoue la tête en imitant les japonais (qui montrent vraiment les expressions en exagérant bien) et je dis : ces japonais ... dans un soupir. Elle éclate de rire et on refait les chambres niquel.
Je les conduis ensuite a la ferme pour que l on bosse un peu. Carnage. Alors que je debrouissaillait une pile de rochers, horrible, ils tentaient quelque part et revenait en disant, trop dur. Puis un autre endroit, trop dur, ... le jushoku les a fait porter des pierres pour remplir les trous sur le chemin ! J espere ne jamais avoir a endurer cette humiliation la. Genre bon ben si tu sers a rien, fait un truc qui sert a rien. ^^ mais eux aussi, ils etaient tres très sympas. On aura bien rigolé quand même! Surtout que le soir du dimanche, on est invité a une soirée barbecue de sanglier. Et dans la cabane de samurai au bout de la montagne. 


L equipe de choc


Le rêve 


On est 5 a manger

Et c'est mon plus beau souvenir de l'année dernière. L'ambiance est là, chacun sert les autres. Légumes grillés, viande, poisson, gambas, biere et sake. Rires. Le petit passage emotion du jushoku qui raconte une histoire pleine de sagesse mais que j ai rien compris parce que j etais pompette. Je savais que le lendemain allait etre très dur. Mais le shingon, c est vivre dans le présent. Pas de récompense a chercher après la mort. Pas d'élévation personnelle et de beatification. Aider les autres, c est aider bouddha. Aimer les autres, c est aimer bouddha. Voila pourquoi je suis bien ici. Et je vous aime aussi, bande de bouddhas en puissance !






Voila tout ce que j ai débroussaillé



4 commentaires:

  1. Hello Furansowa San,

    Merci pour se petit article de ta semaine, je vois que tout se passe bien et que tu fais ce que tu aime c’est le principal. Les photos sont top comme d’habitude mais j’ai pas compris ce que faisait le vieux monsieur au café qui est bon.
    Ici tout va bien, romain est passé, les anglais ont perdus c’est nickel !
    Gros gros bisous.

    RépondreSupprimer
  2. Ah ben ça manquait ces petites nouvelles ! En même temps on comprend bien que tu es pas mal occupé ! =) Et puis tout est dans la retenu apparemment au Japon, je comprends donc que tu t'économises avec nous aussi ! Tu distilles tout au compte goutte! N'empêche que ça a du te faire bizarre que 4 crêpes ! ^^

    RépondreSupprimer
  3. Salut François, heureux de te lire et de voir que tu te plaît un max !

    En dehors du fait que je suis envieux de tes cours de karaté après une dure journée de travail bien remplie, tu vas finir super sayé ;-).
    Bonne continuation !
    Au plaisir de te lire encore et encore bien que je te tire mon chapeau d’avoir encore la force d’écrire aprés tout ça
    Bises à bientôt

    RépondreSupprimer