lundi 14 novembre 2016

jour 23, des fêtes plus douloureuses que d'autres

Jour 23

J’ai retrouvé certains amis (susan et le jeune jap) dans l’hotel (le moins cher et le préconisé pour henros). Après un repos mérité, on a décidé de s’offrir un petit resto pas cher, pour bien finir la journée. On a demandé au patron, et encore une fois, ça prend un certain temps pour obtenir des informations. Ils prennent leur mission tellement au sérieux, qu’ils veulent tout nous donner. On demande un petit truc, avec des nouilles par exemple, et il nous propose : les restaurants les plus chers avec sashimis, les endroits pour boire beaucoup et manger un peu, les restaurants traditionnels et finit par les restaurants que l’on veut, le tout sur une carte de 20 cm carré.
Au final, on est allé au plus proche, un petit endroit avec trois tables, oú le cuisinier prépare la pitance devant vos yeux avec une spatule. Les tables sont munies de plaques chauffantes, et vous voyez des aliments divers se rassembler sous votre nez, dorer doucement, s’enrichir d’une sauce savoureuse, se transformer progressivement en un plat rond sous les mains expertes du cuisinier, et devenir un okonomi yaki, du calamar, du chou de la laitue, oeuf, patate, et la sauce spéciale. Un délice, comme souvent.

La nuit était trop courte je pense, mais il faut bien se décider à se lever. On a acheté le petit déjeuner dans un magasin pour le manger sur la route. Pas de chance, aucun banc, pas une hutte, rien pour se poser au calme et apprécier un bon repas. Une heure après, on s’est arrêté sur un escalier, perdu au milieu des montagnes. Puis, rapidement, on s’est attaqué à une belle pente, 400 m de dénivelé, pour trouver un sommet anciennement sacré, aujourd’hui abandonné. C’est là que nous avons trouvé 3 autres henros, rencontrés rapidement la veille. C’est ainsi que nous avons formé une drôle de communauté de henros, bigarrée et joyeuse, pour atteindre le temple 40, quelques 19 km plus loin. Les pauses sont plus longues, tout le monde parle japonais donc je me retrouve finalement seul, mais cela me va. C’est sympathique comme tout. J’arrive à caler des blagues sur les 7 samouraïs et à faire rire tout le monde avec mon imitation de guerrier au katana meurtrier.

Nous sommes arrivés au temple, un bel endroit, avec les premières feuilles qui tirent vers le jaune, et qui annoncent l’automne. Après les quelques pensées pour vous au temple de Kobo Daishi, on a demandé le tsuyado, un logement gratis mais spartiate offert aux pèlerins. Il faut bien avouer que celui ci n’était pas si mauvais que ça. On aurait dit un refuge de montagne tout neuf. Je dors en haut, le vieux jap que je soupçonne déjà de ronfler dors lui aussi à l’étage sur une mezzanine en bois, et les autres par terre. Dormir sur du bois, il n’y a que ca de vrai pour remettre les cervicales à l’envers ! Mais, alors que les autres se servent de leur couverture en laine pour se protéger du froid, je l’utilise comme matelas de fortune. Il y a des avantages à ne pas être frileux.

On a pas mal de temps devant nous pour faire ce que l’on  veut. Je voulais personnellement acheter des nouvelles chaussures, acheter la bouffe pour le soir et le lendemain, lire, se détendre. Il faut croire que ce n’était pas prévu au programme. Une dame, membre des amis des pèlerins, vient nous voir pour nous proposer de nous emmener au bain public en voiture. On accepte volontier, parce que l’on sent pas bon et que l’on dort à 4 dans 9 mètres carrés. On passe d’abord m’acheter des nouvelles chaussures, chose que je vous conseille d’éviter, puisque j’ai les pieds fins, je touche les bords et pas le fond de la chaussure. Je me suis arrété sur un compromis, entre trop étroit et beaucoup trop long. J’ai laissé mes vieilles chaussures au magasin, donc si vous entendez que Trump ne sera pas président suite à une menace d’attaque biologique par le japon, c’est qu’ils ont gardé mes chaussures.

On reprend la route, mais elle change d’avis, et nous emmène au onsen réputé du coin, à 15 minutes en voiture. Ce qui nous a fait mal, puisque l’on est passé devant le chemin que l’on a emprunté en marchant, et que c’est bien plus rapide en voiture (il y a des jours vous vous dites, mais pourquoi je marche moi, je loue une moto, je termine ça en 2 semaines et je sirotte un saké dans  un onsen le reste du temps au Japon). Le onsen était super en effet, et on a pas profité de tout (les massages par exemple, ils vous attirent mais le prix est comme un fil éléctrique, bzit), puis on est allé dans un café, puis elle nous a ramené pour chercher un resto pas cher, comme on le lui a demandé.


De retour à la cabane, on trouve un jeune tokyoïte qui est en mode barbare, avec des journées entre 40 et 50 km de marche. On l’invite à nous rejoindre, il accepte volontier. Le jap de manga est aussi un bon calligraphe, et il nous a fait une demonstration. J’avais une belle vue depuis mon perchoir pour apprécier le spectacle. Ca prend pas mal de temps pour faire une petite chose, mais il faut voir la préparation et les rituels qui vont avant et après la peinture proprement dite. Comme souvent au japon, tout est codifié.

Nous voici donc tous ensemble dans notre belle tenue de gala pour notre restaurant pas trop cher, et on aurait du avoir la puce à l’oreille, c’est deux taxis qui nous attendent. On est 6 donc forcément, ca rentre pas dans la petite voiture de la dame, surtout qu’elle a sa maison dedans. On file pour arriver dans un bar/restaurant. Et au Japon, les bar/restaurant, c’est une ruine. Je vous laisse imaginer l’ambiance. Vous rentrez dans l’établissement. À votre gauche, des panneaux, fermés, avec les salons partculiers. À votre droite, un mur, avec tous les alcools à votre disposition. La crême de cassis est là, avec à ses côtés une bouteille douteuse de liqueur de France, mais pas de Chartreuse. Déception donc. Vous arrivez devant votre salon que l’on a réservé, vous enlevez vos chaussures, et le but du jeu c’est de plus pouvoir les enfiler à la fin tellement vous êtes torchés. Petite table, on s’asseoit par terre, trois cartes pour les alcools, une carte pour la nourriture. Heureusement, on a réussit à faire comprendre que l’on avait faim (l’un de nos amis à vu ce que je m’achetais pour le petit déjeuner, il a cru que c’était pour la journée) Et on a ainsi essayé tout ce qu’ils avaient en nourriture. Je ne pourrais malheureusement pas vous faire la description précise, surtout vers la fin, mais vous pouvez leur faire confiance sur ce point là. Question alcool, par contre, c’est pas encore ça. En gros, le saké, c’est de la vodka. On avait beau me dire c’est le meilleur, il est au melon, et lui à la patate douce, et bien c’est fort, ça se boit avec de l’eau, c’est amer, c’est pas top. Ce qui est rigolo, c’est que chacun sert les autres, personne ne se sert tout seul. Votre verre est vide et paf ! Il est de nouveau plein. Vous avez pas fini votre verre avant que quelqu’un achète une nouvelle bouteille, vous êtes invité à vous dépêcher pour que l’on vous serve. J’ai fait péter le kir avec le vin blanc, c’est tombé très vite (ils font moitié crême, moitié vin donc forcément). Heureusement que l’on ne paye pas l’hébergement parce que le budget en aurait prit un coup.

Et quand je vous disais que j’étais fatigué à 17h, que les yeux tombaient à 18h, et que à 20h c’était l’enfer, il fallait pas compter sur une grosse nuit. À 22 h, notre ange gardien décide de nous emmener dans un karaoke ! En avant la troupe avec des têtes de déterrés. Le bar pour nous seuls, parfait. Et les japonais, ils ont pas 5 chansons en stock. Pour vous dire, j’ai chanté linkin park, eminem, alladin, aristochats, edith piaf, aznavour, bob marley, bobby mc ferrin et metalica entre autres. Le choix est vaste, et chacun chante à son tour, pas moyen d’en échapper. Les japonais chantent des chansons différentes, mais le clip ne change jamais, c’est un bonhomme et une bonne femme qui se regardent pas, au milieu de la chanson ils se regardent, à la fin ils vont pour s’embrasser et on le cache parce que c’est dégueulasse quand même. Une bonne vieille romance. La romance elle fait mal parce que l’on est rentré à 3 heures du matin, les poches vides et le ventre plein, pour s’écraser lamenablement sur notre lits de bois. On est sensé quitter les lieux à 8 heures, et demain c’est montagne. Que du bonheur.

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