lundi 14 novembre 2016

jour 28



Jour 28

Si vous tombez sur cet article sans avoir vu ma tronche dans un casque de samourai, c'est que vous avez raté une bonne partie du blog, j'ai publié jour par jour pour vous macher un peu la lecture. J'ai pris du temps, dans une boutique, pour vous laisser des nouvelles, et je crois que je vais égorger la vendeuse, qui accueille tout le monde avec la même formule de politesse mais crié et en mode goaaaaaaaal des commentaires brésiliens. Une heure... J'en peux plus
Ce fut un jour déclaré tranquille. J’ai retrouvé mon ami Kondo, qui malgré le fait qu’il n’avait que 1 km de plus que moi au départ, a réussit à marcher toute la journée pour arriver au temple la nuit tombée, sous une pluie battante. Mon pauvre ami était bien content de trouver le temple, plus que moi qui avait tout mon temps. Nous avons pris le petit déjeuner dans la chambre (j’arrive à un compromis pas trop mal, avec “viennoiseries” et tablette de chocolat, faut chercher dans le magasin mais on arrive à se faire un truc presque européen), puis en avant pour goma. Une nouvelle cérémonie du feu pour expier nos désirs. Le moine ce coup ci était beaucoup plus jeune, et il criait beaucoup plus fort que le prêtre du bangai 4. Une occasion de plus de visualiser mes erreurs et de les envoyer brûler dans ce feu qui crépite furieusement. La fumée empêche les yeux de s’égarer, et les chants vous obligent à intérioriser, à vous recueillir et à demander pardon à tous ceux que vous avez pu offenser. Et je crois qu’il me faudra bien encore quelques cérémonies pour tout immoler ce qui va pas.
Le pluie menaçait encore de tomber, et elle ne s’est pas privée. Malheureusement, puisque le temple, avec sa position surélevée offre des paysages maginfiques. Nous, nous avons eu droit à un brouillard épais, quelques rayons de soleil fugaces, et quelques gouttes qui avaient raté l’averse d’hier. Les grenouilles et les crabes étaient contents, les sangliers et les faisans aussi. On sent que la montagne est devenue un refuge pour la vie sauvage, depuis qu’un chasseur a vu se transformer ses proies en divinités bouddhistes (l’histoire du bangai 12). La chasse est interdite depuis, comprenez, si un cerf se transforme encore en dieu.

On suit la route pour rejoindre la ville le plus rapidement possible sans se vautrer dans les feuilles mouillées, l’atmosphère ressemble un peu à la cérémonie que l’on vient de vivre. On ne voit pas loin, on entend sans réellement comprendre, ou même capter l’origine du son. Pas de vues spectaculaires, pas de rencontres surprenantes. Juste la route, deux henros perdus dans leurs pensées, et Kobo Daishi qui veille sur eux.
On arrive au bangai 8 à la mi-journée. Le temple est minuscule, coincé sous une autoroute, à côté d’une nationale dans une zone commerciale. Non, il ne fait pas rêver. Son histoire est peut être un peu plus inspirante. Personne dans la ville ne voulait héberger Kukai, alors qu’il faisait le tour de l’île en vue de son illumination. À bout de force, il finit par dormir sous un pont, pour une nuit pensa t’il. Mais dix nuits passèrent en vérité. C’est ainsi que aujourd’hui, on ne tape pas son bâton sur les ponts pour ne pas le réveiller, mais aussi que l’on ne laisse personne dormir dehors, d’où la construction des huttes un peu partout. Le bangai 8 offre même une jolie cabane pour les henros, où je vais dormir ce soir. C’est pas loin d’un onsen et de plusieurs supermarchés. C’est chaud, sec et beau. Que demander de plus.
Peut être que l’on pourrait tous donner la main à ceux qui nous la tendent. Peut être seront ils des Kobo Daishi plus tard. Peut être serons nous tous des Kobo Daishi en le faisant.



1 commentaire:

  1. De Josée Robert
    Salut , ô toi que l'on croyait perdu !
    Depuis le " jour 23 " il nous était impossible de lire ton blog ! Bug chez nous , sur le site , dans les airs ? Toujours est-il que nous sommes heureux de pouvoir te relire sans avoir dû rameuter la planète afin de te retrouver sain et sauf. . .
    A propos de sain et sauf . . . j'ai un doute : le resteras-tu longtemps encore après avoir avalé autant - non seulement de kilomètres - mais de sakés , bières , alcools de prunes et autres repas gargantuesques ? Je croyais avoir compris que le cheminement du henro vers l' enseignement de kukai passait par le « chemin de l’éveil » puis le « chemin de l’ascèse » , le « chemin de l’illumination » et enfin le « chemin du nirvana » . . . On m'aurait donc trompé en me disant que la bodhi n'était accessible que par la méditation et l'ascèse . . . mais après tout rien n'interdit de prendre le raccourci du saké pour y accéder ?!
    Plus sérieusement dit et à la lecture de tes aventures , je crois que le mental est un sérieux atout dans ce genre de périple!
    A bientôt henro dauphinois , les vœux du petit village entre Hyères et Toulon t'accompagnent !

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