vendredi 4 novembre 2016

jour 16 et 17 des hauts et des bas (déo et débat, spéciale dédicace à ceux qui ont subit cette blague du blog de l'équateur)

euh, il est toujours au Japon là?
Et oui, il y a des jours comme ça, on se demande. Tout démarre pas trop mal, je veux dire, tout démarre très bien. Mais te faire réveiller par l'alarme à 6h30 alors que tu t'es couché à 20h, ça veut dire que tu es fatigué. Où que tu as trop dormi j'en sais rien. Mais ça pourrait bien dire que la journée va être longue. 
Elle démarre dans ce superbe hôtel, qui casse ses prix pour les pèlerins, avec son directeur qui parle français et qui vous fait la causette à table pendant que toute la salle vous regarde médusé (il est barbu et il parle avec le patron ?!, et même pas notre langue en plus !!!) 
Le problème, c'est qu'il faut bien le quitter un jour cet hôtel. Alors vous prenez la route, et la journée s'annonce fabuleuse.

 Une route sur une crête qui surplombe la côte, un petit vent frais qui vient vous redonner le courage d'affronter le soleil, des oiseaux qui chantent, des gens qui vous encouragent. Mais voilà, alors que je suis mon heidi japonaise (susan son prénom), je me dis que je serais pas trop mal tout seul. Je crois, j'en suis sur maintenant, que je devais faire ce pèlerinage tout seul.
 Et si j'apprécie de la compagnie de temps à autre, et faire des rencontres, il me faut définitivement marcher seul. Me retrouver. Chercher au fond de moi, et puis arrêter, faire le silence, laisser le paysage vous imprégner, vous remplir, sourire à tous ceux que vous croisez, leur souhaiter des bonnes choses. C'est ainsi que ma décision était prise. Je devais faire le chemin seul le lendemain.

On avait réservé un petit ryokan pour la nuit. Quand vous venez de marcher plusieurs heures, vous acceptez beaucoup. Le prix était bas, raison de plus pour ne pas être exigeant. Mais en arrivant, j'étais un peu frustré, donc je n'ai pas forcément apprécié tout de suite. 9 mètres carrés, pas bien propre nul part, la salle de bain qui sent les égouts, des trucs qui flottent dans le bain.

Et puis je me suis mis à lire, puis à méditer. Et je me suis dit que je pourrais dormir dehors, dans le froid ou sous la pluie, je pourrais être dans un appart' à faire un boulot qui ne me plait pas, je pourrais être de mille façons moins bien que je ne suis.
 Et puis ce petit monsieur, qui avait dépassé l'âge de la retraite depuis longtemps, faisait tellement bien son travail que je me suis dit qu'il ne méritait pas mon aigreur. Alors je suis allé discuté un peu avec lui, ce que je pouvais, pour rire un moment.
autant vous dire la baguette française elle est légère. Et panette c'est banette en jap'
 Et il nous a emmené dans un petit resto manger la spécialité locale, des ramens de fou, avec tout ce qui existe dedans, de la viande, du calamar, des petits oignons, des poireaux, du crabe cuisiné dans la sauce soja et le tout en soupe avec des nouilles. J'ai pris la version big, j'ai eu du mal à finir le riz qui était avec ^^

jour 16


Mon choix était fait, je marcherais seul aujourd'hui. J'ai pris de l'avance, je me suis lancé sur les routes alors que le soleil pointait le bout de son nez à l'horizon. Je respirais mieux, les jambes allaient bien, c'était montagne aujourd'hui alors imaginez mon entrain. 

J'ai doublé le couple de français, un vieux japonais que je croise tout le temps, kondo un jap un peu étrange qui me donne une orange à chaque fois que je le croise, et puis j'ai trouvé une petite hutte en milieu de journée. Un bon déjeuner, copieux, et une bonne sieste au soleil. 
Tout le monde est repassé devant moi ! Mais aujourd'hui, je n'étais pas dans la course. J'étais décidé à prendre le temps de bien faire les choses, d'observer, de flâner.
 Et je fus récompensé. Je croise un panneau qui montre un henro. C'est pas sur la route mais bon, je suis dans un bon jour. Et paf! Un paradis.

Un couple âgé de tokyoïtes qui ont fait le pèlerinage trois fois à pied, et qui veulent aider les henros qui passent. Ils se sont installés sur une ancienne route pour la réaménager, construire leur maison et accueillir des gens. 
Donc je suis resté une heure à parler avec eux et un cycliste que j'ai croisé une ou deux fois. Et plus vous restez, et plus vous êtes cordial et sympa, plus vous avez en retour. Du café, des patisseries aux fêves rouges, une eau aromatisée à la menthe, du riz au chocolat, des mandarines. Ils ont téléphoné à un ornithologue pour savoir si les oiseaux étaient là sur le chemin que je comptais prendre, ils ont appelé la maison d'après pour que j'ai une réduction, ... Bref, un instant dans un endroit comme ça, et vous prenez une nuit de sommeil et un repas d'un coup, à coup de sourire et de compassion. Certaines chansons de brassens, pour l'auvergnat, prennent tout leur sens.

Ce soir c'est Shukubo, et je ne pouvais pas mieux tomber pour finir la journée. La personne de l'accueil s'excuse de ne pas parler anglais (j'ai l'habitude) mais me demande si l'espagnol est ok ! Claro que si ! Et on a pu converser en espagnol. J'ai une chambre pour deux pour moi tout seul, pour vous dire si je suis bien vu. 

Le repas de ce soir était particulièrement gigantesque. Un mètre carré de nourriture par personne. 11 plats différents. Il faut bien avouer que, à leur manière, les japonnais sont forts en gastronomie. 
Nous n'en avons qu'une infime partie en France. Tout est déjà coupé, pas besoin de lâcher les baguettes. La coutume veut que les gens se servent les uns les autres, personne ne se sert tout seul. Alors les bols de riz s'échangent, les tasses de thé se remplissent, les ventres aussi. 
Je ne sais pas à quoi je le dois, mais définitivement, je vais sourire comme ce moine m'a montré il y a quelques jours. Alors la vie sourira avec moi. Et si je suis triste, je repenserais à vous, et tout ira mieux.
Je retourne trouver Bouddha sur le chemin (mais je vais prendre un bain chaud avant, parce qu'il risque de perdre l équilibre dans deux chakras au moins !)

3 commentaires:

  1. De Josée Robert
    Lorsque tu reviendras( si tu reviens un jour compte tenu du plaisir que tu prends à faire ce voyage ... )tu nous apprendras cette manière de voir les choses et d' acquérir la sérénité qui en découle.
    Grâce à toi nous apprenons à aimer le Japon et . . . nous passons un temps fou sur internet à chercher et lire des infos sur tout ce dont tu nous parles !!!
    A bientôt de te lire , toujours avec autant de plaisir et de pensées positives pour toi!

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  2. ohayô toi ! (j'essaye de faire couleur locale!) Après avoir eu le plaisir de te lire ce matin, je me dis qu'un petit tour de par ici te ferait du bien dans ta recherche de toi même (on doit être pas loin aussi.... cherche bien !) Ce soir, c'est la tant attendue soirée de l'exposition !!! Comme il est de tradition (une fois ça peut être juste comme ça, deux fois ça devient une tradition !) Feliz est au centre de l'attention ! Je me fais pas d'illusion car même si c'est le plus beau gentil chat d'amour, l'art reste - et tant mieux - subjectif ! Je t'enverrai un photo en MP ! =) Sinon, il fait encore beau par ici même si ça fait plaisir d'allumer le feu le soir... On n'a pas encore fait rentrer de bois... on t'attend =) (cf le point "tradition").... フォースと共にあらんことを・・・
    Fo-su to tomo ni aran koto o… (jeune padawan !)

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  3. merci beaucoup quel plaisir de te lire et te suivre. Tes photos sont vraiment magnifiques et nous voyageons effectivement avec toi au moins pas ton récit. Bonne poursuite de route. Biz

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