samedi 3 novembre 2018

jour 6 S’échapper

Sur le réveil, je dois vous avouer quelque chose, j'ai demandé à Mr Sakae de me conduire au temple car j'ai oublié mon livre/guide de Shikoku là bas, et mon juzu, chapelet de prière bouddhiste... Bien sûr qu'il était là bas, que quelqu'un l'avait donné au bureau des calligraphies, parce qu'on est au Japon. Ce petit chapelet coûte cher, car chacune des 20 perles qui le composent provient d'un temple supplémentaire. Vous avez vu les marches pour l'atteindre, vous savez que j'y tiens plus que tout ! Je me suis surpris à observer les gens un moment, à me demander qui me rattrapera pendant que je serais dans les montagnes à prier Dieu sait quel Dieu.

Mon objectif de la journée était plutôt clair, tracer la route très vite et m'échapper de la ville le plus rapidement possible. Et le trafic était là pour me motiver. La circulation était dense, le bruit et les gaz d'échappement, les gens tristes, ... Heureusement, après un petit pont, je vois mon échappatoire. Une petite route, qui monte sec, entre les écoles et les temples, pour trouver un sentier de montagnette, bien loin des voitures et de tout ce que la civilisation à de plus déprimant. Du vert, des oiseaux, une petite rivière qui chante, ... Les cordes pour aider à passer le dénivelé n'entament pas mon moral, je suis dans mon élément. Bien sûr, cela ne dur pas, mais je bénéficie d'une trêve passagère. Ce chemin de montagne donne sur des lotissements et des usines bien sages. Tout le monde est affairé, personne dans les rues, je marche seul. 

Et puis, ...
Et puis la route 55. Fameuse route que les pèlerins du monde entier haïssent. 2 fois 2 voies, blindées de monde, les toyota et les suzuki hurlent sur les isuzu et les honda, et moi j'accélère pour m'arracher à cette menace. Et c'est la que je m'aperçois que le moral joue bien plus que l'on ne le croit sur notre vitesse de marche. Je croise des japonais que j'avais déjà vu sur le chemin du temple 12. Ils sortent d'une hutte, me disent que je marche vite et ils attaquent. Je n'arrive pas à les suivre... Eux que j'avais passé 3 fois dans les montagnes, en alternant pauses pour attendre les filles et marches à mon rythme de chamois. Eux les suants, à bout de souffle en haut des marches. Eux donc, me distançaient sans y prêter trop d'attention. J'ai abandonné ce rythme infernal pour aller chercher à manger, et j'ai repris la route à mon rythme de chamois sur le goudron...

J'ai pu les rattraper un peu avant le temple 18, car en bons japonais ils ont pris la route pour éviter une sente dans les bambous. Pendant ma pause repas, épo et morgane me rejoignent et on tire les plans pour la soirée. Elles ont prit le bus pour éviter les 20km de ville, elles sont donc plus que partantes pour la marche qui les attends. Je fais un peu moins le fier, mais je le montre pas ! On a tous notre petite fierté. Je suis surtout très heureux de finir cette journée avec la pêche, alors que quand je relis le poste du même jour il y a deux ans, j'en menais pas large !

On se dirige vers le temple 19, qui n'offre rien de vraiment spécial. On se demande si l'on reverra Liliane l'australienne et PAF ! Voilà qu'elle débarque d'une voiture juste avant que l'on parte ! Je crois que sur Shikoku, les rencontres ne se font pas par hasard. Nous voilà donc une joyeuse compagnie de 4 pèlerins (dont un chanceux) en direction de notre hutte pour la nuit. Et attention la hutte grand luxe !

Table, chaise, futons et couverture, cuisinière, toilettes et vaisselle. Le 4 étoile de la hutte pour pèlerin.
On se couche néanmoins assez tôt, car demain, comme souvent sur Shikoku, il y a un grand jour. Une bête qui fait frémir les pèlerins à sa seule mention : Jigenji !



2 commentaires:

  1. Y a t'il beaucoup de pèlerins japonais ? Notamment de marcheurs ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'en vois un peu moins c'est vrai. Pas de trace de Kondo ce qui est un peu decevant ! Sinon, on a croisé deux papis ce matin. j'en ai croisé deux avant... Pas la grande foule. Meme des cars, il me semble en voir moins !

      Supprimer