jeudi 22 novembre 2018

jour 22 23 24, et bien sûr : les montagnes !

Jour 22 Enfin les montagnes !

Je partageais la lodge avec 2 japonais, donc je n’ai pas mis de réveil.
Pas manqué, 5h, tout le monde sur le pont, on s’active.
J’emerge doucement, prend un café, trempe mon croissant dedans, je me crois en France !
Et je pars, le premier ! Une fois n’est pas coutume, je ne sais pas ce qu’ils font le matin,
mais ça ne vaut pas le coup de se lever si tôt si c’est pour rien en faire.
Moi je quitte la lodge juste à temps pour le lever du soleil !

J’ai décidé de prendre un autre chemin ce coup ci, j’avais opté pour le plus court la dernière fois,
j’ai opté pour le un poil plus long mais avec rivière longeant la route. Et je ne suis pas déçu !
Bon, il faut le dire, la côte, c’est beau. Le bruit des vagues, l’eau, l’horizon, …
Mais les montagnes, ya rien à faire, c’est mon élément. Et pour tout vous dire, cette petite route qui
grimpe doucement, je la kiff. Déjà parce que ça fait 3h que je suis dessus, et que je n’ai pas
vu un chat ! En plus parce qu’elle est fraiche, et que mon corps supporte plus une polaire que la sueur.
Et finalement, parce qu’elle offre des vues superbes sur les montagnes, et cette petite rivière
en contrebas, toute guillerette ! Comme moi !





Ce qui me surprend, plus cette fois ci que lors de mon premier tour, c’est le nombre de maisons
abandonnées le long du chemin. Comme si la maison avait été laissé seule, les objets de la vie
courante sont là, vélos, bassines, assiettes, mais il n’y a plus d’humains. C’est assez flippant, et
intriguant à la fois. On aurait envie de rentrer pour voir un peu, imaginer la vie de la personne
qui vivait là, observer les photos qui sont accrochées aux murs…
À la fois attirant et repoussant, si vous voyez ce que je veux dire.


Au milieu de tout ça, je tombe sur une hutte en parfait état de marche !
J’y vois une grande corbeille, avec des snacks, des ramens en boite, de l’eau chaude, un frigo,
un tapis de sol, des planches pour fermer tout ça. À peine le temps de me dire que cet endroit serait
parfait pour dormir que PAF ! Un monsieur apparaît ! Je ne sais pas comment il a fait pour voir que
j’étais là, mais je sais qu’il veut parler. Il ne parle pas anglais, alors je lance tout ce que je sais en
japonais pour dire que je suis français, guide, que c’est ma deuxième fois, que j’aime bien sangoku
et Miyamoto Musashi, … Tout ! Et même plus à grand renfort de mimes, et bruitages. 30 minutes
après, je lui dis au revoir et lui promet de m’arrêter là pour mon prochain tour.
Étrange, je n’ai vu nul part que cette hutte était si parfaite, et ce monsieur tout seul faisait tout son
possible pour avoir des henros qui s’arrêtent. Je lui fais de la pub sur tous les sites de henros
maintenant, et je vous invite à en faire de même. Cette hutte porte le nom de mon personnage
de Mario préferé : YOSHI !


La suite du chemin est plus compliquée, mais j’y étais préparé. La météo annonçait nuageux,
et j’étais prêt à les traiter de menteurs, mais POUF, le ciel s’est couvert. En l’espace de 1h,
un peu moins, on est passé d’un grand ciel bleu à plus de soleil ! Je ne m’y ferais jamais à ce climat.
Compliquée je disais parce que la route devenait chargée en trafic, il n’y avait pas toujours de trottoires,
et je devais faire … 37 kilomètres en tout … Oui je sais, ça craint. Mais je voulais commencer à
réduire le budget, pour passer à mon rite initiatique qui m’avait fait le plus grand bien la dernière fois.
Terminé les ryokans, les hotels, les onsens. Bonjour les huttes, les Tsuyados, les Daishido, …
La suite vous dira que c’était pas encore le jour, mais l’intention était là !
Je termine ma descente des montagnes pour arriver à Sukumo, et son temple Enkoji, le 39,
dernier de Kochi avant d’attaquer la troisième préfecture du pèlerinage : Ehime. J’y croise,
sûrement pour la dernière fois, le jeune jap qui jeûne le déjeuner. On s’échange quelques mots,
les osamefudas (sorte de talisman que l’on donne aux temples ou aux gens qui font ossetai),
je lui donne une bonne adresse pour le lendemain car les hébergements sont full m’a t’il annoncé.
Ses parents me remercieront car ils règlent la facture finale, et le petit ne prend que des ryokans et
des hotels  à 6000 + la nuit, donc plus de 50 euros ! Mon adresse ne dépasse pas les 3000 yens.


Je profite d’avoir bien cravaché le matin pour me faire une pause internet d’une heure, puis les gouttes
me poussent à continuer. Il me reste une petite heure avant de trouver la “mairie”, mon point de
ramassage. Je trouve avec beaucoup de chance (excusez moi madame, le city hall s’il vous plait.
Derrière vous. Ah, Merci !) et j’appelle. Le monsieur débarque, me dit de charger les trucs dans la
voiture, j’embarque et il s’excuse. Je comprend que le pommeau de douche a cassé dans la journée,
ou toute la baignoire, enfin en tout cas, pas de douche. Je lui dis que ça ira (c’est pas comme si je me
douchais tous les jours non plus ^^) . Mais non ! Donc, écoutez bien, enfin lisez bien. Je réserve un
guest house (chambre d’hôte en version budget normalement) qui a un problème de douche.
Le monsieur ne peut pas me joindre il n’a pas mon numéro. Donc il réserve pour moi dans un hotel,
m’y emmène, et paye la différence par rapport à son hébergment ! J’ai bien essayé de régler la totalité
de la somme, il m’a menacer de tout payer lui… Donc je me retrouve dans un bel hotel, avec bain
privatif avec 3 senteurs de sels de bains, wifi, cup noodle gratuit, café filtre mono usage (j’avais jamais
vu ça avant, un filtre comme une mini cafetière qui se pose sur une tasse et dans lequel on verse l’eau
chaude. Mon meilleur café au Japon jusque là !) thé, … Bien sûr, j’ai quitté ma chambre pour faire
réchauffer mon repas, et j’ai laissé la clé dedans avant que la porte ne claque. En voyant ma tête et
mes pieds nus le monsieur de l’accueil n’a même pas posé de question, il m’a dit : Key ?
J’ai dis oui. Il m’a ouvert. Je ne crois pas être le seul !
Mais en tout cas, je kiff le Japon et les gens sympas qui y habitent !!!
Vous en dites quoi vous, possible en Europe ?




Jour 23 Un ptit jour décidément bien long




Le jeune jap, avant de me quitter, m’a dit bon courage pour la pluie demain.
Le monsieur qui m’a payé l’hotel m’a dit la même chose. Le monsieur de l’accueil aussi.
Alors je me suis dit, ok, petit jour et GRASSE MAT’! On en profite que l’on est dans un hotel de ouf
pour user le matelas et laisser une belle marque dans les oreillers. Et pas manqué, lorsque j’émerge
à 6h (j’ai pris des mauvaises habitudes) j’entend de l’eau couler. Satisfait de mon choix, je me
recouche. Pas le temps de me rendormir que j’entend l’eau s’arrêter … COMMENT ?! Je tire les
rideaux pour en avoir le coeur net, et PAF grand ciel bleu, pas un nuage. C’était la douche matinale
du voisin du dessus que j’entendais… Ni une ni deux, je prend mon courage à deux mains et je …
saute dans les draps pour dormir encore mieux qu’avant !




Le départ a lieu vers 8h30, mais il est assez difficile. Au niveau des muscles déjà, qui n’ont pas envie,
le mental non plus, mais surtout que la pluie est bel et bien tombée et que le soleil cuisant est en train
de la sortir de terre sous forme de brume. Ma montée de la montagne s’en trouve affectée !
Ma moyenne chute, je transpire à grosse goutte, je dois boire tout le temps, … Je ne pensais pas que
ça puisse m’atteindre comme ça. Mais il y a des choses qui vous permettent d’avancer. Une classe
locale a accroché des petits panneaux tout le long du sentier, avec des messages en japonais, dont le
fameux GAMBATE KUDASAI (je vous laisse traduire avec google) que je reconnais en Kanji, mais
aussi quelques mots en anglais, comme tiens bon, c’est pas facile mais tu vas le faire, … Et ça boost
un peu !



J’entends des singes se battre pas loin, et même si j’essaye de pas faire de bruit, ils s’enfuient à
mon approche. Enfin, je suppose que le padre les a fait partir, parce qu’ils jouaient que j’ai passé
la tête au sommet, et que j’ai entendu un gros hurlement qui les a fait fuir.


La redescente est beaucoup plus facile, car elle est à l’ombre ! Et le chemin est bien mieux entretenu.
Je ne sais pas si c’est une façon de dire, ouais, nous, à Ehime, on est bien mieux que ceux de Kochi.
On a pas ça entre départements en France n’est ce pas ? Toujours est il que je chemine gaiement
maintenant, je sais que j’ai le temps alors je drône un peu, je m’arrête au milieu des bambous pour
méditer, je caresse les chiens que je croise. Puis je me dis, c’est quand même fou, depuis la hutte
Yoshi, personne ne m’a fait ossetai depuis un moment. Évidemment, il suffit d’y penser pour que je
recoive deux mandarines. Puis, au détour d’un chemin, je croise une hutte qui serait parfaite pour
drôner un peu pas loin de la rivière. Mais je vois un sac devant, alors je me dis qu’un henro fatigué
devait faire sa pause. NENI ! Comme dans un mauvais cartoon, une, deux, trois, quatre, cinq petites
madames japonaises en sortent et me crient dessus. Non pas que j’ai fait des bétises, mais je dois
m’arrêter pour goûter les patisseries, boire du thé et manger des mandarines. On parle un peu, et
c’est pas facile parce qu’en placer une au milieu de 5 amies qui discutent ... Croyez moi, après 5 ans
d’études dans le tourisme, avec des classes presque exclusivement féminines, j’ai appris à garder
des choses pour moi, faute de pouvoir les placer dans le flot.

J’arrive au temple 40, et une tente est installée pour un thé et des chouquettes ! oui, des
CHOUQUETTES ! Je remercie chaleureusement cette délicate attention, et pars faire mon rituel.
Il y a un peu de monde à la calligraphie alors j’attend un peu pour demander le logement gratuit,
mais le monsieur me regarde et me demande : Tsuyado ? Je dis oui, il me dit de remplir un petit
formulaire et fait patienter tout le monde pour me montrer où acheter des trucs à manger pas cher,
où chercher des sous, où trouver internet, quels chemins prendre demain, … Je ne sais plus comment
le remercier, et derrière moi tout le monde à le sourire, pas un trace d’impatience…
Je fuis ce monde de bisounours !







Jour 24 fameuse route 56



Je ne le savais pas encore, mais ce jour allait être pénible. Je suis tout seul dans le tsuyado,
alors je me lève quand je veux, je m’arrange un bout de ptit déj et je file sur les chemins avant le
gros du traffic (environ 7h au japon). Je fais ça pour avoir une légère marge afin de lancer la machine
doucement, et quand les camions et les scooters me rentrent dans le moral, je passe une vitesse.
Oui mais voilà, c’était pas le jour. J’avais un petit paquet de déchet, puisque je ne pouvais pas le laisser
dans l’hébergement gratuit du temple.


Je le transportais donc sur mon sac, et ça fait froucht froucht,
et ça m’embête. Je croise une petite “poubelle” sorte de cage en fer au Japon, et j’y place mon paquet
et, en bon citoyen, part vers les poubelles bouteilles plastiques pour y jeter ma bouteille. Je vois un
monsieur qui me court dessus, qui me montre le poubelle, et qui se fache. Alors je fais mine de rien
comprendre, je prends mon petit paquet et je le garde avec moi. Il est le propriétaire de la chambre
d’hôte à côté, et si je comprend bien, les éboueurs passent dans longtemps, alors si tout le monde
fait ça, Bla Bla Bla. Je lui demande où je peux le mettre, il me dit hotel ou superette, je répond merci,
et un peu embêté de s’être emporté il s’incline bien bas et me dit désolé hein ! (gomen naissai ne !)
Je croise notre ami suisse je j’avais croisé au temple 6, le premier jour. On discute vite fait, je lui parle
de mes problèmes et il me dit de tout mettre dans la poubelle à bouteille puisque de toute façons
c’est coca cola et que bon, hein. Je trouve l’idée très bonne et je m’execute. Sauf que à peine deux
phrases plus loin, voilà notre monsieur jap’, qui, décidément très embêté de s’être emporté, m’apporte
une poubelle ! Notre ami suisse montre alors un sac à lui, en disant que c’était bon, l’homme insiste
alors pépé (son surnom mexicain) prend la fuite ! Dommage. j’aurais bien parlé plus longtemps avec
lui mais voilà, il nous tire d’un bien mauvais pas. Je m’en vais avant que le monsieur ne me donne
sa voiture en dédommagement. Et je retourne sur cette bonne vieille route 56 …



Pas très enthousiaste, mais content puisque quelques heures après je vais pouvoir retrouver une
belle montagne dans pas longtemps. Je grimpe sans trop de soucis, enfin libéré des pots
d’échappement. Je double même un couple de japonais à la descente. Mais bien trop vite,
je retrouve une route, et ce n’est pas la 56, mais on l’entend très bien juste à côté …


Je devais trouver une hutte dans les montagnes, et j’ai mis toute mon énergie à la trouver.
Sauf que le chemin qui y mène est bloqué depuis le typhon …
Alors que j’étais là à me demander que faire, je vois deux dames assises par terre,
juste sous un arrêt de bus. Quand le destin vous place une preuve aussi évidente, il ne faut pas lutter.
En 2 minutes, j’appelle un monsieur qui gère un zenkonyado (maison gratuite) à
Uwajima, 12 kilomètres plus loin, et voilà ! J’avais fait un peu de tourisme la dernière fois. Là, j’ai trop
marché, et il pleut. Deux excellentes raisons de dire que la journée est terminée. Enfin pas tout à fait
car je dois me rendre au temple supplémentaire 6, dans lequel de reçois mes chaussettes à sandales
japonaises en cadeau. Ça fait toujours plaisir, des chaussettes !



Pour me remonter le moral à bloc, vous me connaissez, je me dirige vers un restaurant à
OKONOMIYAKI !

Je le crie comme dans ma tête quand j’en vois un. À peine rentré dans celui ci
que PAF, un vieux me dit bonsoir en anglais et m’invite à sa table. Je m’installe, on discute un peu,
je prend les okonomiyaki (regardez sur internet, mais c’est une sorte d’omellette au poulpe, avec
des oignons et du chou. On vous prépare ça sur votre table, grillé sur une plancha, puis on badigeonne
de sauce soja sucrée, de mayo et de verdure) les okonomiyaki donc aux nouilles, et je discute.
Le monsieur sort son téléphone et 3 de ses potes rappliquent. Ils sont tous en école pour vieux en
anglais, et ils sont assez assidus on dirait. Le problème, c’est qu’ils ne veulent pas faire de fautes,
alors ils réfléchissent entre chaque mots. Ça donne des phrases assez longues. Ils m’ont offerts des
trucs tirés du sac (un biscuit écrasé, une bouteille de thé froid et un bonbon), ils ont essayé de me
caser avec la serveuse (sans succès, je sais, c’est triste), puis à la fermeture, chacun est parti de
son côté, qui le train qui sa maison. Ils m’ont rappellé une phrase, d’origine chinoise probablement :
Ichi go, Ichi e (on dit i tchi go, i tchi é) Ce qui veut dire en gros une fois, une fois seulement.
Cette phrase nous rappelle que chaque rencontre peut très bien être la dernière fois que l’on se voit.
Que ce soit un inconnu dans la rue que l’on ne reverra jamais, ou un ami que l’on perd, elle nous
rappelle de vivre chaque instant avec d’autres personnes comme si c’était la dernière fois. Avec le
sourire, des belles pensées et paroles, et d’apprécier réellement le présent. C’est sur cette très belle
citation que je vous laisse donc. Ichi go Ichi e.

1 commentaire:

  1. Encore une fois c’est un plaisir de te lire! De suivre ton aventure et tes péripéties ! Repose toi bien ! Ici bientôt en congé pour moi mais je t’avouerai que c’est un congé un peu bizarre mais pas grave on part à Strasbourg pour le le grand marché de noël ! Alex a hâte ! Et moi aussi la ville la vielle doit vraiment être jolie ! Gros bisous l’ami!

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