jeudi 13 février 2020

Mon japon



Beaucoup d'articles concernant le Japon commencent par "le japon de la tradition" ou de la modernité, des mangas, des geishas,... je n ai jamais trouvé mon japon dans ces descriptions. Alors je vais vous le décrire. 
Mon japon, il est lumineux. Comme le soleil qui se lève derrière les montagnes, la bas, spectacle que je ne manque jamais. Comme le sourire du jushoku également. Un sourire plein, vrai.
Mon japon, il a le bruit de l alarme, tous les matins, a 5h. Un bruit que l'on voudrait étouffer, mais que l'on évite pas. Que ce soit pour nettoyer les feuilles ou quelques exercices de karaté avant la prière, inlassablement, tous les matins, je me lève a l heure ou je me couchais avant !
Mon japon, il croule sous le travail. Je me demandais ce qui poussait les gens a repousser les limites du corps et a travailler tellement que le moindre moment de confort, on s endort instantanément. Et bien je suis un de ceux là maintenant, 85h par semaine en moyenne sur les 4 mois. Et quand je parle de confort, c est un talus, une chaise, un sol pas trop froid, ... et tout vous pousse a travailler. Les japonais ne s'arrêtent pas, ils peuvent repasser le balai a l'endroit même où ils sont passé il y a 30 minutes. Ils sont loin d'être efficaces. Pour planter des arbres en rang dans un champ rectangle, il faut 30 minutes pour planifier. 10m de large, on veut 4m a droite, et 2m minimum entre les rangs. 30 minutes... Imaginez mon horreur quand on a attaqué un champ en triangle ! Je suis allé faire du debroussaillage pour me calmer. 
Mon Japon, il sent la fumée. Certains jours, a 9h du matin, j avais allumé 3 feux. Un pour faire de l eau chaude, un pour faire du charbon, un pour bruler du bois, ... on peut faire du feu de bois vert sous la pluie. Pour cela, une technique traditionnelle ancienne, que je vous livre ici. Un petit lance flamme au gaz et de l essence. Imparable. On brûle aussi pour recycler le plastique, pour rendre hommage aux dieux, on brûle.
Mon japon, il est froid. Comme le temple, 5 degrés le matin, la maison, entre 6 et 8 degrés tout le temps. Le soleil réchauffe pendant la journée, jusqu'à être en tee shirt, mais le moindre nuage couplé au vent, et la polaire devient indispensable en l espace de quelques secondes. 
Mon japon, il sent la friture. Les japonais mettent tout dans une poele avec de l huile, poisson, legumes, pates, ... si c est pas la friture, c est l eau bouillante. 
Mon japon, il ne connait pas star wars, marvel, julie Lescaut, hanouna, ... il n a pas le temps. Il lit, parfois, mais son goku ne l intéresse pas. Il faut que ce soit constructif. Pas de musique dans la voiture, ou dans les chambres. Seulement moi, qui chante. 
Mon Japon est chaleureux, comme mon club de badminton. Ils auront appris des mots de francais pour pouvoir me dire bonsoir, merci, bonne nuit... ils prendront le temps de m expliquer des mots pour que je participe aux conversations. Je ne rigolais jamais autant en une semaine qu en deux heures avec eux. Si il y a bien une chose que je regretterai, ce sera le badminton. 
Car oui, ce japon ne sera bientôt plus le mien. Il ne l etait sûrement jamais d ailleurs. Il sent la peur du tanuki (chien viverin) qui sait, enfermé dans sa trappe, qu il va mourir. Sa seule faute aura été de manger le riz dans la cage, autour des champs vides. Son sort est scellé. On electrocute les chevreuils juste assez pour les etourdir, mais ils hurlent encore alors que la lame rentre dans le torse pour toucher le coeur. Puis le dépeçage, le decoupage, le tannage. Je connais beaucoup de personnes "viandardes" qui reduiraient certainement leur consommation s'il fallait tout faire eux même. Ce que l on ne voit pas, ...
Mon japon n ecoute que les supérieurs, et les plus vieux. Toutes les idées des autres ne valent rien. Dans notre pays, si on ne propose rien au boulot, on est viré pour manque de volontarisme. Au japon, il faut la fermer. J aime pas, la fermer. 
Mon japon ne voit pas la misère. Tout le monde a un travail. Un monsieur tient un panneau ralentir sur le bord de la route, et le lève quand une voiture approche pour dire qu'il y a un autre monsieur qui aura un drapeau rouge ou blanc 50 m plus loin. Le salaire ne suivra bien sûr pas. On travaille jusqu'à ne plus tenir debout, a un age ou nos anciens seraient en train de jouer a la belote. 
Mon japon résonne au bruit des tronçonneuses. J aurais coupé, sous les ordres d un japonais qui bégaie, 4 Chênes de 25 a 40 cm de diametre. Puis on le débite, et puis on le brûle, bien sûr. 
Mon japon chante son dieu tous les matins, avec la meme chanson. 
Mon japon fait trembler le sol en exécutant des katas au karaté.
Mon japon reste beau, malgré tout. Généreux, discret, courtois. 
Dans 2 jours, je quitte mon japon. Pour aller voir d autres japon, et revenir, encore, vers mon premier amour. A bientot, shikoku.

























1 commentaire:

  1. Ton japon, tu as oublié, tu nous en envoies à chaque fois que tu partages un article avec nous. Je ne connais que le tien de Japon et il donne envie d'y aller.
    Ton japon il est généreux - même en heure de travail - il sent bon - moins après le travail. Hâte de découvrir un autre bout du pays à travers tes yeux

    RépondreSupprimer