mercredi 5 décembre 2018

jour 32, tout seul, avant un grand jour

Jour 32, invincible


Invincible aujourd’hui. Je me lève après mon camarade de daishido. Il a déjà eu le temps de boire son café et de fumer, je n’ai besoin ni de l’un ni de l’autre, alors je mange et je file. Il faut dire que la journée s’annonce rude, 32 km, et pas réjouissant. Des villes, des usines, de la route, … Tout ce que j’aime ! Il y a quelque chose de marrant au Japon, c’est que quand vous passez proche d’une plateforme pétrochimique, il y a un petit bonhomme tout sympa qui vous dit qu’il prend soin de l’environnement… Remarquez, les camions lawson, les supérettes dans lesquelles on achète les provisions à emporter, nous le disent aussi. Pourtant, des petits beignets tout mignons sont emballés individuellement dans un grand sac, que l’on met ensuite dans un sac. C’est tout un art de se retrouver avec un seul emballage. Il faut le sac cabat made in St Aupre, et sélectionner ! Bon je me suis fait avoir avec du chocolat noir précoupé et emballé en 3 fois. Mais qui peut bien ouvrir une tablette sans la finir ?!






Je longe la côte sans prêter plus d’attention au green washing, et j’entre dans Imabari. Une grande ville qu’il faut affronter. Pour vous donner du courage, avant d’y arriver, on vous fait passer dans un cimetière énorme qui surplombe la bête. Pas de soleil, l’ennemi à perte de vue, je me sens comme un héros qui affronte son destin. Je pars jusqu’au centre ville pour trouver un temple, dans lequet on me fait le plaisir de papoter en anglais, puis je sors enfin du centre bondé pour aller vers la périphérie. C’est guère mieux, mais au moins le trafic se calme. Pour être tout à fait honnête avec vous, le temple 57 restera dans ma mémoire, pas tant pour l’atmosphère que pour sa calligraphe ! Puis l’on s’échappe, lentement, dans les bois, on monte, on s’extrait de cette masse grouillante, et on est accueilli par des érables qui flamboient. Puis les carpes qui nagent dans un étang couvert de feuilles rouges, puis un portail majestueux cerné de couleurs d’un autre monde. Vous le comprenez, je me sens bien. Je croise un américain, John, qui me dit que l’on croise décidement plus d’occidentaux que de japonais. Et je me dois d’acquiesser. Même les bus se font rares.










Le temple en lui même est très beau. J’avais opté pour la version gratuite lors de mon dernier séjour ici, mais j’avais besoin d’un endroit vraiment “à moi”, donc j’ai pris l’hebergement en temple. En faisant ma calligraphie, le monsieur se demande qui a bien pu réaliser celle d’il y a deux ans. Puis dans un bel anglais, me demande pourquoi je marche autour de Shikoku. Je lui dis que je ne sais pas vraiment quoi répondre. Il me dit dans un grand éclat de rire “Parce que tu es fou !” Et je ne le contredis pas ! Puis en pensant un peu, je lui dis que c’est surtout pour la sensation de vide qui vous prend à un moment. Une paix intérieure puissante, soudaine, pendant laquelle il n’y a plus de pieds, de route, de demain ni de pluie. On fait partie de tout. Je laisse mon nouvel ami s’imprégner de mes paroles, puis j’ajoute et pour la cuisine japonaise ! Il me propose un peu de son café en attendant la personne du Shukubo (hébergement en temple) Il verse un peu du contenu de sa tasse dans une autre, et me la tend. Je sens tout de suite que c’est un café, un vrai, pas une s***perie qu’on nous vend à tour de bras. Il me confirme que c’est du colombien ! Après une brêve discussion, ce monsieur met son chapeau par dessus ses cheveux longs coiffés en queue de cheval, et me dit qu’il va m’emmener puisque personne ne vient. En marchant, on tombe sur deux tableaux, et il me dit “mon travail”. Belles photos, celle du mont Fuji me laisse sans voix. C’est entre le tableau et la photgraphie, réaliste mais avec une petite touche de surréel. Mais il doit m’abandonner sans m’en dire plus. Alors je remercie Yasu (Yassou) et je m’installe. Je partage mon repas avec deux australiennes fan absolue du Japon, qui ont même appris le japonais pour une meilleur expérience, et qui font Shikoku en version allégée. Un tour organisé, des plus beaux temples, avec transport de sac entre les hébergements et petites haltes touristiques. On partage notre passion de ce pays fantastique, accueillant, déroutant parfois tout en dégustant notre diner. Au temple 45, on avait placé des feuilles d’erables sur mon plateau. Cette fois ci, on avait des desserts en forme de feuilles ! Je me suis couché dans un joli cocon au sec, sans vent, sans voiture qui passent, et sans la clim parce que je ne la supporte plus ! ^^


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