mercredi 26 octobre 2016

jour 8, repos en vue

Un compagnon de route
Et bien bonjour tout le monde. Je sais, je ne vous laisse pas un moment de répit, mais que voulez vous. Un pied devant l'autre, et je devrais arriver au bout. Si vous ratez un passage, vous n'aurez qu'à me le demander en direct quand je rentre, je serais dispo pour qu'on révise ce périple ensemble. 
Ce matin, le réveil est rude. Pour la région aussi. La brume matinale colle parfaitement à mon esprit. J'ai pas forcément bien dormi, et les premiers pas m'annoncent un problème, mes articulations genoutales (ya pas un mot pour "des genoux" genre caudales ou stomacales ?) bref les genoux grincent au démarrage. J'avais pas prévu beaucoup de dénivelé aujourd'hui, pour les laisser au repos, mais il semble que le problème soit plus sérieux que ça. Donc j'attaque doucement.

Doucement si on veut parce que le chemin, lui, il a des escaliers quand même. Mais j'ai trouvé un appui de choc. Un japonais de 32 ans m'a vu passer de bon matin, alors que lui même avait l'intention de faire le pèlerinage en bus, train, et occasionnellement à pied. Je lui ai fait pitié, ou envie, ou les deux, mais il a décidé de me suivre. Et je ne pouvais pas en être plus heureux. J'ai trouvé en lui la force d'avancer toujours plus loin, alors qu'il me guidait avec des instructions sur comment bien faire les choses (il prie à tous les autels qu'il croise pour exemple, certains sont pour les divinités, d'autres pour les esprits protecteurs du coin, d'autres encore pour les morts des différentes guerres. Je sais les reconnaître, à peu près, maintenant)

Nous voilà donc en dehors des bois, et ce sera la fin des montagnes pour attaquer la côte. Le temps fera vraiment la différence ici, parce que autant quand il fait beau on peut cuire assez facilement, autant quand il pleut, ça peut annoncer un typhon tardif. Mais je pense au présent, et à la chance que j'ai d'avoir passé le premier vrai test (les personnes qui arrêtent le font en général au temple 17). Le temple 22 est là pour me le rappeler. Dès les premières marches, les couleurs explosent au soleil, et vous en prenez plein la vue. 

Nous faisons nos prières ensemble, mais je suis étonné que lui, tout religieux qu'il soit, ne récite aucun des sutras "réglementaires". Mais je sais à présent qu'il existe plusieurs manières de vénérer les dieux. Ce qui importe, c'est d'avoir la foi, et de sourire, comme le dit mon compagnon. Nous avons beaucoup rigolé ensemble, en ce rappelant les films asiatiques que j'ai vu, de oldboy aux sept samouraïs, ou de mon amour fou pour miyamoto musashi, un héros populaire nippon. 

Il me fallait maintenant choisir. Lui partait pour la station de train, 8 km plus loin. Je pouvais le suivre, ou m'engager pour 23 km de sentiers pour rejoindre le temple 23. Mes genoux ont parlé à la descente des escaliers que vous voyez juste au dessus en photo. Ce sera la voie courte. C'est ainsi que j'ai effectué une journée repos à 20 km. 
Nous nous sommes séparés au temple 23, car il voulait prier dans le temple de Kobo Daïshi. Nous avons échangé des cadeaux, lui un foulard de joueur de taïko, les tambours japonnais, et moi mon foulard de chapeau, que l'on passe autour de l'osier pour ne pas avoir mal au crâne. Une belle rencontre de plus. J'ai profité de mon après midi pour aller méditer dans les sous sols du temple, au milieu de tas de bougies et des statues dorées. Puis je suis resté une heure au onsen pour bien me reposer. 

Puis je me suis rendu compte que je me comportais en vrai japonnais. Je savais quelles sandales mettre pour la destination. Imaginez que vous rentrez dans le Shukubo (hotel/temple) Vous mettez les sandales normales. Envie d'aller aux toilettes ? sandales de toilettes. Au onsen ? sandales de dehors, puis sandales de onsen, puis retour ! Dans la chambre, pas de sandales. Au onsen, je la joue locale. Vous vous lavez une fois (ou deux pour être sur) puis vous vous trempez, vous passez au sauna, au jet, puis vous retournez vous laver (pour être bien sur) vous vous rasez, lavez les oreilles, les dents, tout ça. Un coup dans le bassin froid si l'envie vous prend et yataï !

Lors du repas, l'on m'a approché pour savoir ce que je faisais. Tout le monde paraît très heureux de me voir tenter le grand tour. De mon côté, je me réjouis de leurs encouragements et de leur patience pour m'expliquer des trucs (ils prennent le temps, je vous assure. Ils mettent 10 minutes pour manger, mais restent 15 minutes à ma table pour discuter)
Je suis content aussi de voir que vous prenez plaisir à me suivre, et que j'arrive à vous faire partager un brin de ce que je vis. 


Si quelque chose vous taraude, n'hésitez pas. Si tout va bien pour vous, alors c'est très bien.
Furansu




3 commentaires:

  1. De Josée Robert La Crau
    Salut à toi grand marcheur! Nous avons suivi avec intérêt tes dernières péripéties et . . . nous avons mal aux jambes pour toi!
    Chapeau gars, car entre les kilométrages,les dénivelés et la météo, tu es plutôt gâté!
    Cependant, à la lecture de ce blog, on s' aperçoit que tu t'y attendais car on sent qu' en amont tu as fait un sacré travail de préparation !
    Tes photos sont superbes et tes commentaires nous permettent d' aller au-delà des images et de nous imprégner (un tout petit peu!) de l' ambiance de cet environnement.
    Sauf erreur de ma part, il semblerait que rares sont ceux qui font ce pèlerinage à ta manière , c' est à dire au maximum à pieds la totale des 108 temples . . . c' est sacrément résistant un " sushi dauphinois " !
    Bonne route et à bientôt de te lire

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  2. Une bonne journée bien remplie encore! T'inquiètes, je suis sûr que ton esprit remercie secrètement et energetiquement tes genoux.
    Juste une petite rectification car c'est l'un de mes film préféré, Oldboy est un film coréen (du Sud bien sûr pas du Nord lol).
    Bises et enjoy la suite

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  3. Je me suis fait doubler pour la trilogie old boy !!

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