mardi 25 octobre 2016

jour 7, non je rêve, déjà une semaine !


mon petit coin de paradis


Et bien oui. Sans y prendre gare, voilà une semaine que je suis au Japon. Pour tout vous dire, je ne crois pas encore bien réaliser ce que je suis en train de faire. J’ai vu des gens arriver au temple 80 et se demander aussi ce qu’ils faisaient là sur leur blog, donc je me dis que ça ne presse pas trop.
brève éclaircie
Autant vous le dire tout de suite, dormir à 5 mètres d’une nationale, c’est pas l’idéal pour se reposer. Réveil 5 heures (à ben là ça fait pas 12 heures de sommeil) pour pouvoir marcher dès que le soleil poindra le bout de son nez. J’ai bien fait de pas l’attendre. En sortant des draps, suite à la journée parfaite et sans nuage de la veille, je me suis dit que j’allais profiter des étoiles. Temps couvert, et couvert bas. Mes montagnes sont sous le manteau gris. Je vais en baver, certainement.

Alors on prend la route. Je crois que je peux prendre un bus, je m’approche du terminal, je demande les horaires pour arriver à ma destination (Sakamoto, pour ceux qui connaissent) et c’est à 8 heures ! A 8 heures mon petit pote, je serais déjà 2 km après l’arrêt sus-cité. Alors go, on marche. La petite bruine se transforme en bonne averse. On met le gore-tex, la couverture plastique sur le sac, on range l'électronique (donc pas bien de photos) et on marche. Il fera moins chaud qu’hier, c’est déjà ça.  
Toujours la même histoire, le fanfoué il kiff les bangai. Je trouve ça dommage que le temps ne fut pas de la partie, parce que le paysage était à couper le souffle. Mais je ne pouvais que le deviner, parce que ça pleuvait fort. Ce bangai là était rigolo, parce que il y a une grotte, derrière, qu’ils ouvrent de temps en temps et le but, c’est de traverser. Il y a un test pour savoir si l’on pourra ou pas, c’est de passer entre deux pierres à l’entrée, et c'est étroit. Je passais juste, autant vous dire que c’est pas tout le monde tout le monde qui passe. Des osetai de la dame aux calligraphies, et on redescend. Des osetai en bas, juste avant d’arriver à une falaise qu’il me faut grimper avant d’arriver au temple 20. Ce doit être la saison des mandarines, parce que ce doit être le deuxième kilo que je mange en une semaine mais bon, c’est offert de bon cœur. J’ai parlé d’une falaise, parce que oui, 550 mètres de dénivelés en 1 km, on peut appeler ça une falaise. Je ne devais pas être en forme en haut parce que l’on m’a offert plein de biscuits. Puis l’enfer. Réellement. Entre le temple 20 et 21, il y a 1 km de marches qui descendent. De l’autre côté, 2 km de marches qui montent.
Après la crapahute du matin, je n’avais pas bien de forces pour avancer, les articulations pleuraient. Mais au milieu de la brume, je vois une tête chauve, au loin, dans les marches. Je presse le pas, tout ce que je peux, pour rejoindre celui que je crois être le moine que j’ai entraperçu au temple 11, et qui marchait lui aussi. Arrivé à sa hauteur, je le regarde, et me rends compte que le contraste est saisissant. Moi, en sueur, à bout de souffle, jetant mon fardeau sur le banc pour boire 1l d’eau, courbé par l’effort et lui, droit, impeccable, le regard d’une profondeur et d’une gaieté rare. Il fait cela pour l'entraînement monastique, sans dépenser plus que nécessaire. Il dort dehors, mange ce qu’il peut et boit de l’eau. Avant de quitter le temple 21 où j’ai prié avec lui et un moine qui chantait dans le temple principal, il m’a dit de quitter mes chaussures et de rentrer, pour regarder le plafond. Et bien, mes aïeux, il était magnifique. Le bois est plus clair que ce que j’ai vu jusque là au Japon, et il y a pêle-mêle des dragons, des kukaïs et des bouddhas de partout, exécuté avec une finesse divine. Je revois ce monsieur disparaître dans le brume vespérale, au bout de l’allée, en me lançant un sourire franc avant d’être aspiré par les volutes blanches. Magique.
Le retour à la vie normale fut brutal, puisqu’une horde de personnes sortent d’un télécabine pour venir voir le temple. Je redescends avec eux, alors que le ciel se déchire un peu. On voit Kukai, en statue, méditant sur un pic dominant la vallée. Je me dis que le moine devait s’être trouvé un coin pour lui, au moins aussi bien. Pour moi ce sera un dortoir, partagé avec un fan de base ball. Je m’endors donc en écoutant les vivas de la foule. Mais je suis bien loin de tout ça. Je suis dans les brumes, pas encore tout à fait en bas. Pas encore sur terre.

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